Je me lance dans la lecture de toute la saga des "Rougon-Macquart", non pas parce que ça m'intéresse, mais parce que j'aime frimer en société. Au bout des 20 tomes, je vais pouvoir affirmer : "J'ai lu la série majeure de Zola en entier", et porter des lunettes pour ne pas être trop ébloui par l'éclat de mon succès. Plus sérieusement, j'aurais bien du mal à me lancer le défi pour la comédie humaine de Balzac, mais lire cette fresque familiale - dans laquelle on compte notamment le fameux "Germinal", ou "Au bonheur des dames" - me tente beaucoup. Zola a un style très puissant, évocateur, qui semble parfois tenir du bluff au vu d'une telle alchimie lexicale. Zola sait construire ses personnages, les rendre aussi humains que monstrueux, en faire suer les vices du bout de sa plume. Zola sait raconter et décrire comme rarement - il sait digresser sans tergiverser, à la différence de Hugo par exemple.


Ces arguments, parmi d'autres, m'ont décidé à découvrir tous les romans. Je viens donc de terminer le premier, "La Fortune des Rougon" - la première pierre, immense et creusée de toutes parts, qui livre déjà une grande part des beautés stylistiques et des analyses fines que Zola a polies. Entre trahisons et histoires d'amour, héroïsmes bricolés et sacrifices poignants, le ton est déjà bien donné.
Il faut par contre s'accrocher pour tout suivre, ou alors avoir une sacrée maîtrise des enjeux de l'époque. C'est ce qui m'a légèrement gêné dans ce premier opus - il est extrêmement politique. Et les autres aspects - une histoire d'amour dégoulinante de mièvrerie, par exemple - n'ont pas grand intérêt. Heureusement, le style de Zola, généreux, parfois rassurant, atténue un peu l'hermétisme de certains passages.


Plutôt varié dans ses peintures, puissant pour un coup d'envoi, "La fortune des Rougon" n'est sans doute pas le tome le plus abouti de cette fresque gigantesque, mais pose les bases avec panache et donne déjà un aperçu alléchant de l'impressionnante galerie génétique que Zola a mis en place.
7/10, et c'est parti pour "La curée" !

Botwin
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le 16 août 2016

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