Ne pas se laisser avoir par le début tout en douceur. Marlowe est chargé par une riche veuve de mettre la main sur une pièce de monnaie rare appartenant à la collection de son mari. La belle-fille, qui a récemment disparue, est fortement soupçonnée de l'avoir dérobée. Très vite se greffent les habituels fils indignes, secrétaires névrosées, femmes fatales et autres maîtres chanteurs sournois.

L'enquête peine à démarrer car toutes les personnes qui devraient mettre Marlowe sur la piste se font assassiner, dans des circonstances invraisemblables, ce qui apparaît un peu trop comme une manière pour Chandler de délayer la sauce et de retarder artificiellement le déroulement de son intrigue.

A un moment, sans qu'on sache exactement pourquoi, notre détective se met à flipper grave, à avoir des sueurs froides et on se sent un peu gêné pour un personnage qui nous avait habitué à regarder sans émotion le canon d'un flingue braqué droit sur lui, tout en débitant des phrases du genre : "Ca doit être la nouvelle mode, vous êtes le troisième à me menacer avec ce genre d'engins aujourd'hui."

Et puis la magie Chandler opère. L'intrigue se complexifie considérablement, çà devient confus au point qu'il est difficile de garder en mémoire touts les éléments de l'enquête. On se rend compte que Marlowe doit se démener avec plusieurs histoires apparemment sans lien entre elles et on a du mal à se souvenir quels chemins ont été suivis pour en arriver là.

L'ambiance devient brumeuse, on s'enfonce confortablement avec le héros dans les vapeurs d'alcools, la fumée de cigarette, le trafic automobile. On regarde la maigre centaine de pages qu'il nous reste à parcourir et on se demande avec inquiétude comment l'enquête pourrait aboutir en si peu de temps.

Finalement Marlowe se ressaisi et dénoue brillamment cet imbroglio. Il sert à chacun des personnages du roman un petit discours bien senti, lourd de doubles sens et de pièges rhétoriques, avant de révéler dans le détail ce qui s'est réellement passé. Comme il se doit les flics n'auront le droit qu'à une version édulcorée des évènements.

Comme toujours chez Chandler, la fin se fait plus emphatique et lyrique , le roman se terminant sur une douce note mélancolique où se révèle toute la générosité et la sensibilité du détective.

Du bon Marlowe donc, qui peine un peu au début mais finit par nous achever en fin de partie.
vivianbloom
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le 10 janv. 2012

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