Critique de La Grande Vie par aaiiaao
Bobin tisse de belles phrases et des aphorismes lyriques, mais les mots sont comme juxtaposés les uns à côté des autres, sans jamais faire sens.
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le 28 nov. 2019
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"Une révélation. Elle arrive drapée dans le soleil d'hiver, sur l'avenue qui mène à la gare de Montpellier. Toujours les gares, toujours ce rien d'attachement qui aide à voir. Voici comment cela arrive : je suis fatigué. La fatigue me donne des ailes. Je regarde les immeubles qui descendent l'avenue en titubant, les clochards tassés comme des bougies fondues, les garçons de café aussi agiles que des derviches tourneurs. Les voyageurs se frôlent sans se heurter avec la science des somnambules. Il y a ceux qui vont prendre leur train, ceux qui arrivent et tout d'un coup l'ouverture des portes du temps : tous ces gens viennent de naître. Chacun avance vers ce qu'il imagine être un mieux-être et Dieu avance avec lui. La pureté marche dans les rues à des milliers d'exemplaires. Elle ne se connaît pas. Je pourrais parler à chacun et ce serait parler à des étourneaux ou à des loups cherchant leur nourriture. Je descends l'avenue à des dizaines d'exemplaires. J'ai tous les âges, mes familles connaissent tous les sorts. Tous sont innocents, même les meurtriers. Les clochettes des tramways dressent dans l'air humide des tourelles de cristal."
"La conversation du feu guérit de tout."
"Le papillon monte au ciel en titubant comme un ivrogne. C'est la bonne façon."
"Une des joies éphémères de l'été, c'est de traverser une rivière en sautant sur des pierres. On écarte les bras comme s'ils étaient des ailes. On appuie les mains sur l'air. On peut glisser, se mouiller un peu, beaucoup. Si on est plusieurs à vivre cette épopée on rit aussi bien de l'échec que de la réussite. Et peut-être même l'échec entraîne-t-il une joie plus grande. On a dix ans, quinze ans. C'est l'âge des bandes. On ne sait pas alors qu'on est en train de traverser la chambre en feu de la vie, celle dont la fenêtre donne sur l'éternel. On ne sait pas non plus qu'il est aussi indifférent de perdre que de gagner. Il faudra encore des années pour comprendre que les années ne sont rien et qu'il n'y a ni vrai ni faux, juste la rivière et nos bonds maladroits d'une parole à l'autre."
Créée
le 27 mai 2016
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