Marsiens: vampires de l'espace
Il en résulte, de la lecture de ce livre, que Wells n'était pas autant intéressé par un livre de science fiction sur l'invasion extra terrestre que par l'impact psychologique sur l'homme dans un tel contexte. De l'action, le lecteur n'en aura que très peu; il en lira quelques observations floues mais même lorsque le héros est au centre de l'action... il se cache et ne voit pas grand chose (n'est pas Tom Cruise qui veut). Par contre de longues descriptions sur la survie dans de telles conditions jalonnent le récit.
Si en soi le sujet est intéressant, l'écrivain s'avère moins pertinent qu'il le fut dans son philosophique 'la machine à remonter le temps'. Le côté scientifique n'est pas non plus très intéressant et plutôt mal développé: on en sait trop ou pas assez ce qui ne suscite pas vraiment l'envie de lire davantage sur ces créatures... et les conclusions du héros paraissent souvent assez ridicules (les Marsiens ne connaîtraient pas l'utilisation de la roue, même s'ils construisent des formes cylindriques...).
Quant à la psychologie même des personnages, qui fait office d'étude philosophique sur le comportement humain, il est dépeint au travers de longs paragraphes au verbe peu éloquent. En plus, l'auteur se répète maintes fois. Lire deux paragraphes ayant la même conclusion, traitant du même sujet, surtout de si longs, n'apportant pas plus de détails... c'est un peu inutile. En plus de ces redondances, l'auteur tente des fulgurances de style en promettant de revenir plus tard sur un sujet abordé. On s'attend alors à une construction compliquée, le lecteur veille à bien mémoriser ce passage qui prendra son importance plus tard... pour découvrir qu'en fait, l'auteur en parle deux paragraphes plus loin seulement...ou au pire un seul chapitre plus tard. La figure de style paraît alors inutile.
Enfin il y a ce moment où l'auteur tente de rendre compte de la panique générale et de couvrir un champs plus large que celui du héros. Il nous propose alors de suivre, le temps de deux chapitres, le frère cadet qui vit à Londres même. Digression qui n'a pas vraiment d'intérêt au final, vu sa courté et le non suivi de l'affaire. C'est juste un détail en plus. L'auteur aurait gagné à traîter de la multitude des plans d'évacuation autrement. Sans doute le problème vient que l'histoire se raconte à la première personne du singulier comme un témoignage de l'aventure. Alors soit l'auteur aurait dû rester plus simple, plus intimiste, soit il aurait dû être narrateur à la troisième personne du singulier, ce qui lui aurait alors permis de voyager au travers de toute l'angleterre sans problème.
Le moment où je me suis le plus emballé dans l'histoire concerne les retrouvailles entre notre héros et l'artilleur qui lui dévoile sa théorie sur les prochaines années à venir sous la dictature marsienne. Là on peut finalement, en quelques paragraphes, ressentir la véritable peur ainsi que la folie qui émane d'un être dans une telle situation. Le plan était alléchant, même si insensé. Là quelque chose a vraiment jailli. Mais hélas, ce n'était pas la direction souhaitée par l'auteur.
Le livre n'est pas non plus un navet ça se laisse lire sans trop de problème, mais je n'ai vraiment pas été captivé par le ton et le style de l'auteur, qui semble ne pas trop savoir comment rédiger une histoire. Côté scénario, autant l'adaptation de Spielberg paraissait stupide par cette solution miraculeuse, autant le livre fonctionne. Pourtant Wells n'est pas plus subtil quand il introduit l'idée de microbes (à la blessure de la gamine en début de film s'oppose ici des herbes rouges venues de Mars ne supportant pas les microbes terrestres). Ce qui rend cette fin moins saugrenue c'est que l'écrivain évite de poser comme objectif principal au héros de détruire les marsiens. Alors que Tom Cruise, lui doit sauver sa famille, survivre et s'il le peut, au passage, trouver une solution au désastre. Dans le livre l'auteur se contente de relater l'état psychologique des hommes lors d'une invasion extra terrestre et le héros doit 'simplement' survivre et, si possible, retrouver sa femme qu'il s'imagine déjà morte.
La guerre des mondes est donc un livre intéressant par sa démarche mais qui, à mon goût, échoue dans le traitement; son style ne m'a guère convaincu malgré mon enthousiasme pour 'La machine à remonter dans le temps'. On peut tout de même saluer l'aspect visionnaire du bouquin, et son imagination lui permettant de mettre en place de telles machines et un voyage spatial si longtemps avant le premier voyage lunaire (ses explications scientifiques sont nettement plus pertinentes que celles du film 'le choc des mondes' dont je n'ai pas vu le livre).