Avec "La guerre des mondes", Wells engage un virage détonnant, en exposant à la première personne du singulier, le récit d'une invasion extraterrestre. Froide et funeste, l’œuvre déroule chapitre après chapitre, un Londres et ses alentours en proie à l’invasion martienne. Le héros, un astronome, guidera le lecteur à travers un parcours de survie, laissant peu de place à l’émotion, afin que le lecteur puisse juger ces actes avec le plus d’objectivité possible.
A l'instar de mon introduction peu inspirée, Wells livre là une œuvre majeure dans le monde de la littérature SF. Penser à mettre en narrateur, un personnage et non pas adopter le point de vue omniscient, relève de l'idée de génie. Et cette idée, est concluante à cent pour cent. Au fil des chapitres une tension s'installe, une ambiance pesante, prend pas sur le quotidien des anglais. Puis d'un coup, tout éclate, le cocon de stress crée durant, explose et s'éparpille, afin de laisser place à l'horreur l'anxiété et l'incertitude.
Des paysages carbonisés, des villes détruites et un avenir totalement joué. Voilà comment on peut voir ce livre, mais ça serait le réduire à son simple rôle de roman SF. Dans l'introduction j'ai précisé que c'est une œuvre majeure. L'idée ce n'est pas juste de le lire, mais tout est fait pour que l'on se mette à la place du personnage, et « Je » devient, « le lecteur ». Ce n'est pas un guide de survie ou un livre d'astuce, non il est question d'invasion extraterrestre. Comment nous pourrions réagir face à ça ?
Toute la subtilité est là. En plus de dépeindre avec brio, le tableau d'une civilisation qui perd tous ses repères durement acquis, depuis des millions des années, Wells, nous met face à l'impensable, à l'ahurissant et c'est avec détachement et beaucoup de recul, qu'il fait évoluer son héros tout aussi désemparé que ses homologues. C'est une course contre la montre. Contre la Mort.
"La guerre des mondes", est un livre qui nous fait poser les bonnes questions, mais qui tire aussi les bonnes réponses. Soyons réaliste, au vu de ce qui se passe dans le livre, on serait vite incapable de se la jouer Bradd Pitt dans la très médiocre adaptation cinématographique "World War Z".
Des personnages, incarnant plus des idéaux que des humains, viendront confirmer cet état de fait. L'homme en ces temps d'invasions, n'est pas un héros, mais juste un survivant. Un organisme composé de cellule qui fuit la mort tout en évitant de sombrer dans la folie, l'extrémisme ou le suicide.
En somme, ce livre je le conseille fortement, peu importe que l'on soit amateur de SF ou non, il est au-delà de ça. Wells, inscrit là une œuvre majeure qui aujourd'hui reste certainement très incomprise ou sous-estimée au vu des piètres adaptations. Ce qui est fort dommage au vu du potentiel.