La horde des Oulhamrs qui possède le feu mais n'est pas capable de le fabriquer se fait attaquer par une tribu adverse. Le feu est perdu dans la bataille, laissant la tribu bien démunie. Deux groupes de trois hommes sont envoyés à sa recherche : Naoh, fils du léopard, Nam et Gaw, dont nous suivrons les péripéties et Aghoo fils de l’Aurochs et ses deux frères, des brutes épaisses dont tous les membres de la horde ont peur. Celui qui reviendra recevra Gammla la fille du chef en guise de récompense.
Voilà donc notre trio parti à la conquête du monde du feu. C'est l'occasion pour l'auteur de nous faire parcourir les vastes étendues sauvages et dangereuses et de se lancer dans la description de la faune locale, qu'elle soit plus ou moins humaine ou animale. Entre les ours, les lions-tigres, les loups et les tribus hostiles, les trois Oulhamrs auront de quoi faire. Cela dit, ils ne rencontrent pas que de l'hostilité puisque une association amicale inopinée avec les mammouths (oui WTF, mais le livre tire son charme d'une certaine forme de naïveté) les tirera d'un mauvais pas, de même que la rencontre avec les Sans-Épaules (des homo sapiens probablement) qui maîtrisent le feu et apprendront beaucoup à Naoh. C'est assez chouette quoiqu'un brin répétitif. On ne trouvera rien de SF là-dedans. La parution de ce livre dans une collection de SF tient à mon avis plus à d'autres romans écrits par l'auteur et dans le rôle qu'il a joué dans la (pré)histoire du genre.
Le fils du léopard hait la puissance de sa race. Il la rend plus implacable, plus venimeuse, plus destructive que la puissance des félins, des serpents et des loups.
La fin est très intrigante. * SPOILER ENTRE ICI* Le père offre sa fille à Naoh en lui disant en gros : "elle te servira de bonniche et si elle te désobéit tu auras le droit de la tuer". Naoh ne dit rien mais on sent dans le propos du dernier paragraphe que "non merci c'est gentil mais je ne mange pas de ce pain-là" (bon il prend la fille quand même bien sûr, faut pas pousser, on ne lui a pas demandé son avis ...)ET LA Bref, du coup je demande vraiment comment Rosny se positionnait à son époque par rapport à la condition de la femme et ce qu'il a voulu dire par là, alors que le reste du livre ne porte absolument pas sur la condition féminine. Sur le sujet à la même période, je vous conseille vivement la saga de Jean M. Auel Les Enfants de la Terre (qui est semble-t-il en passe de devenir une série télé) qui propose une société préhistorique matrilinéaire dans laquelle les hommes et les femmes sont égaux (mais pourquoi ais-je revendus mes exemplaires ?).
Je qualifierais La guerre du feu de livre charmant et légèrement désuet. Il est plaisant à lire, bien qu'un peu répétitif et fait la part belle à la découverte de cette période de l'histoire humaine très méconnue (et encore plus à l'époque à laquelle est sorti le livre !) dont le potentiel littéraire et cinématographique est à mon avis sous-estimé. Il est fascinant de lire un roman se passant à cette période dont on sait à la fois beaucoup via les nombreuses traces archéologiques qui ont été retrouvées, et à la fois si peu, du fait de l'absence d'écriture. Les suppositions que l'on peut faire laisse la part belle à l'imagination, mâtinée d'anachronismes forcément, et Rosny Aîné relève décemment le défi.
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