J'ai mis du temps à lire ce livre. En partie sans doute à cause de ce style atypique et de ce vocabulaire dont on peine à bien saisir le sens même après les 600 pages (c'est quoi un "blaast" ?) mais surtout à cause du système narratif qui ne nous permet pas de ressentir une sincère empathie pour les personnages. En effet, si faire parler la pléthore de personnages cristallise le lien fusionnel qui les unit mais aussi les personnalités plus ou moins complexes qui les individualisent, cela nous empêche surtout de nous y attacher, même pour les plus présents d'entre eux.
Toutefois, cet univers sorti tout droit de l'imagination d'Alain Damasio est absolument magique et la grandeur de la quête de la Horde du Contrevent nous prend par les tripes. De plus, l'état mental du groupe nous est admirablement bien transmis, oscillant successivement entre espoir et désillusion, comme si nous tracions avec eux, histoire de nous faire préparer pleinement au choc de ce final inattendu (en tout cas pour ma part) et dès lors d'autant plus fort.
Malheureusement, nombre d'éléments narratifs introduits par l'auteur ne peuvent être pleinement efficaces en quelques centaines de pages, je pense notamment à la Poursuite, les chrones, la nature de Caracole et plein d'autres que l'on se contente d'aborder de façon superficielle, alors qu'ils semblent tout de même avoir une envergure importante qu'il aurait pu être intéressant d'exploiter, au lieu de les balancer plic ploc. J'espère donc que d'autres œuvres approfondiront ces sillons.