Enfin le contre s'achève. Sur une pirouette prévisible dès les premières pages, confirmée en cours de lecture, mais qu'importe. Le rugueux voyage du conte de La horde du Contrevent est une fin en soi qui néglige son arrivée.
Ma lecture fut ardue, brute. La horde du Contrevent est un livre exigeant que le lecteur endure plus qu'il ne savoure malgré des passages absolument virtuoses. Armé d'un verbe superbe mais éreintant, Alain Damasio nous entraîne dans l'histoire absurde de cette horde qui parcourt à pied un monde balayé par des vents d'une violence inouïe. Leur quête ? Remonter jusqu'à l'origine du vent, découvrir la source de tous les vents. "L'extrême-amont".
Pour narrer son histoire, Alain Damasio donne la parole à différents membres de cette horde, chacun pourvu d'un ton bien particulier. La texture littéraire est du coup constamment mouvante, changeante, du scribe au troubadour, du traceur à l'aeromaitre, du prince à la feuleuse... C'est indéniablement la grande force du livre, cet assemblage de voix illustrant toutes les subtilités de la horde, le tout agrémenté d'un vocabulaire spécifique à cet univers fou, diablement original.
Cerné par ces narrateurs, le lecteur devient malgré lui un membre de la horde. Tout en contrant, virant, s'arc boutant à sa lecture, lui aussi s'interroge sur son "vif", sur la notion de vie, de but, d'existence...
Rebutant, hypnotisant, génial, prétentieux, La horde du Contrevent est une expérience de lecture totale, qu'il convient d'au moins tenter, quitte à être balayé par le premier furvent venu.