Un livre à couper le souffle !
Trouver l’origine du vent, telle est la quête de la trente-quatrième Horde. Profitant de l’expérience des Hordes précédentes, on dit que celle-ci est la plus prometteuse, celle qui parviendra après des siècles d’échecs à remonter d’ouest en est, à contrer le vent qui balaye cette terre pour enfin en trouver la source, pour atteindre cet horizon fuyant qu’est l’Extrême-Amont.
La Horde du Contrevent est une lecture exigeante, déstabilisante, mais tellement riche et complexe qu’elle s’inscrit parmi ces œuvres qui marquent l’esprit. La plume d’Alain Damasio est exceptionnelle, au point qu’elle s’apparente parfois plus à un exercice de style qu’à la narration d’un roman. Et pourtant, on s’étonne de constater combien cette écriture sert le récit. Parfois fluide et limpide, d’autres fois nébuleuse et abstraite, ou encore brute et erratique, elle s’adapte aux personnages qui narrent l’histoire avec une incroyable précision. En effet, le périple de la Horde nous sera conté à tour de rôle par ses différents membres, chacun avec sa psychologie et son caractère. Des personnages hauts en couleur qui prendront vie sous nos yeux. Car le style de l’auteur a une capacité d’immersion hors du commun, nous faisant ressentir chaque scène avec intensité comme rarement les romans savent le faire.
Une immersion qui se savoure d’autant plus que le monde que nous dépeint Damasio est original et terriblement charismatique ! Les hommes vivent sur une terre balayée par le vent, un vent toujours plus violent à mesure que l’on progresse vers sa source : l’Extrême-Amont que personne n’a jamais atteint. Avec la Horde du Contrevent, vous embarquez pour un long voyage semé d’embuches, mais qui vous fera découvrir des lieux étranges où la beauté n’a d’égale que le danger.
Un livre qui n’est cependant pas dénué de quelques défauts. Notamment cette fin, pas mauvaise en soi, mais tellement prévisible. On aurait aimé une ultime surprise, ce petit quelque chose qui nous aurait laissé ébahi en refermant le livre. Toujours vis-à-vis de la fin, je regrette que ça parte un peu dans tous les sens, un avis qui n’engage que moi, mais je trouve que l’ensemble aurait eu davantage de portée en restant terre à terre, à l’image du reste du livre.
Ne nous mentons pas, la Horde du Contrevent reste un ouvrage remarquable, hautement immersif, tant par son univers que par son écriture. Une œuvre certes exigeante, mais que je recommande vivement, ne serait-ce que pour l’expérience unique qu’elle propose.