Georges Godefroy est un écrivain havrais qui a écrit plusieurs romans dont certains policiers dans la collection Série Noire sous le pseudonyme Michel Lambesc.
Le roman "la Horse" est paru en 1968 dans la Série Noire chez Gallimard sous le numéro 1208. Il a été adapté au cinéma sous le même titre par Pierre Granier- Deferre en 1970.
Le sujet du livre est en base la confrontation entre deux milieux l'un maffieux et marseillais de trafiquants de drogue, l'autre paysan normand. Il y a donc un double antagonisme de différences culturelles du fait des régions différentes mais aussi différences de mentalités entre citadins et paysans.
Mais il n'y a pas que ça.
Le moment de l'action du livre se situe probablement entre 1962 et 1967). Le lieu de l'action est sur la rive droite de la Seine et de l'estuaire dans la partie marécageuse qui à cette époque partait de Gonfreville jusqu'au pont de Tancarville (qui existait déjà). Dans cette même période, il y a eu des travaux d'assèchement des marais et de mise en place de digues afin de poursuivre en amont la zone industrielle qui préexistait (raffinerie construite dès les années 1930). En 1964, il y a eu toute une zone industrialisée à Sandouville puis ensuite il y a eu d'autres implantations majeures vers 1968-1970. Aujourd'hui de cette plaine marécageuse le long de l'estuaire, il ne reste que la plaine du Hode située à St Vigor d'Ymonville à l'est de Sandouville, en aval du pont de Tancarville.
Autre date importante pour le roman c'est 1962, date de mise en service du paquebot "France" au Havre puisqu'il est utilisé, dans le roman, bien sûr pour transporter la drogue, "la Horse" vers les USA.
L'industrialisation est un sujet important du livre dans lequel le paysan Auguste, qui lutte contre les trafiquants de drogue, voit aussi ses terres se réduire au fur et à mesure de l'avancement des travaux d'assèchement.
On comprend aussi pourquoi le cinéaste a dû tourner le film à Marais-Vernier situé sur la rive gauche de la Seine dans l'Eure, en quelque sorte en face de la plaine du Hode.
Quand on y réfléchit, on peut dire que le roman est plus vraisemblable que le film puisque les distances du lieu d'entreposage de la drogue et du France étaient beaucoup plus courtes, de l'ordre de la dizaine de km et faisaient plus sens.
Le roman de Lambesc est ainsi beaucoup plus noir que n'est le film car il rajoute cette dimension un peu fatale de disparition de zones agricoles ou de chasse (les gabions).
Le style du roman mélange allègrement les façons de parler des paysans avec l’accent cauchois et celle des méridionaux .
Au final, la relecture de ce roman m'a intéressé, au-delà de la bagarre entre le paysan cauchois et les gangsters, surtout pour l'évolution de cette région entre les années 1960 et aujourd'hui. Lors de ma première lecture il y a une bonne trentaine d'années, n'habitant pas encore cette région, je n'avais certainement pas pu mesurer la portée locale du roman.