Fin d'un échec

Ce dernier tome, qui marque la fin de la troisième trilogie de Pierre Bottero (et la première hors Gwendalavir) nous montre que même un homme de talent, peut clore une saga moyenne avec une fin ratée. L'Autre a été une trilogie qui a oscillé entre le moyen et le pas trop mal, sans être loupé, j'ai trouvé chaque tome sous-exploité par rapport à ce qu'il aurait dût être. Quelque part, ce tome 3 est une réussite des plus totale puisqu'à aucun moment, il n'a que le potentiel d'être bon. Dès le début l'on sent un tome mauvais, une fin avortée, une histoire en-deçà de ce que l'on aurait pu s'attendre de la part d'un tel auteur.
Je m'explique rapidement sur le fait que le tome ait 4 points malgré tout. Déjà parce qu'au moins, c'est divertissant et rien que ça est déjà très bien. Ensuite parce qu'en concluant cette histoire, Bottero nous amène un peu plus dans son univers, dans sa vision de ce monde, et que même si je trouve que ça casse pas trois pattes à un canard tellement ça semble niais et too much, on peut au moins lui reconnaitre la volonté de créer quelque chose.

L'échec maintenant. Déjà parce que le héros a 9 ans ... WTF ?! Pierre Bottero a vraiment du mal avec les gosses, déjà Ewilan et Salim, dans la première trilogie semblaient bien trop matures pour des ados de 13 et 14 ans, mais là ... 9 ans quoi ! Et le pire c'est Eryn, qui elle aussi, du haut de ces 5 ans, nous amène au pays magique de l'incompréhension le plus total. En gros pour Bottero, ce qui caractérise les enfants c'est leur naïveté, leur innocence ... Certes, mais il y a aussi l'incompréhension du monde des adultes et l'incapacité à toujours agir comme il serait socialement convenu de le faire. Or ces deux facteurs ne sont pas pris en comptes par Bottero. Du coup, on gagne en irréalisme le plus total et un Brainfuck de folie ...
Passons sur l'âge d'Elio (putain, 9 ans quoi !), ce tome souffre d'un gros, mais alors gros problème ! Pierre Bottero construit ses histoires avec un axe principal à chaque fois : l'empathie que l'on peut ressentir pour les personnages. C'est sur cette base qu'il développe le scénario, qu'il anime la narration et qu'il se joue des mots pour mettre en place de la poésie. Là, il faut reconnaitre son échec cuisant, on ne ressent rien pour les personnages. Comment le pourrait-on ? Tous les personnages principaux des derniers tomes ne sont que de passage (Rafi, Barthélémy, Shaé, Nathan), seul Gino est bien présent, mais il aurait put être absent tant il ne sert à rien durant toute l'histoire ... Il n'y en a que pour Elio, un gamin qui est tous sauf attachant tant il sonne faux, irréel ... Tant on voit que Pierre Bottero a essayé de lui donner sa voix, mais malheureusement, cela n'est pas du tout touchant ...
Du coup, l'empathie pour les personnages n'étant pas là, elle ne cache pas la narration anarchique, voir catastrophique qui amène les personnages un peu partout. Ils visitent Marseille, la Réunion, le Cameroun, puis l'Amérique du Sud avant de retourner à Paris ... Un parcours digne d'un James Bond ... D'autant plus que comme pour l'agent 007, la cohérence du parcours semble relativement fragile. C'est d'avantage un prétexte de l'auteur pour montrer certaines scènes.
Bon, puis le boss de fin ... Voilà quoi, c'est ridicule au possible ... En même temps, Elio et ses pouvoirs sont tout aussi ridicule puisque plusieurs d'entre eux ne servent qu'une seule fois, un peu comme un gadget (toujours en mode 007 apparemment).
Pour ce qui est de la cohérence, des liens avec l'univers d'Ewilan, etc ... On peut aimer ou non, je trouve personnellement cela mauvais. En effet, L'Autre se termine grâce à l'aide du monde de Gwendalavir au final (Eryn), cela transforme donc La Huitième Porte en le premier (et seul du coup) roman de Pierre Bottero qui ne se suffit pas à lui-même. Et même si l'univers global de cet auteur gagne en diversité, la qualité du roman baisse en échange.
Je trouve d'ailleurs que la jonction entre les deux mondes, via le personnage d'Eryn est ... Très moyenne ? De plus on peut se questionner sur les personnages d'Ewilan si leur monde d'origine est bien celui de L'Autre, en effet, ils ont quand même des proches qui vivent dans ce monde et il est difficilement imaginable qu'il n'y ait pas eut de liens plus complexes que l'amitié Eryn/Elio entre ces deux mondes durant la prise de pouvoir d'Eqkter.


Bref, La Huitième Porte cloture une saga qui n'aura pas tenu ces promesses, on ne peut que être déçu de cela. D'autant plus que cela entraine une prise de conscience pour moi ... Les histoires avec Ewilan sont finis ... Il ne reste que la trilogie d'Ellana et je n'ai malheureusement pas un faible pour ce personnage comme pour la jolie blonde aux yeux violets.
Il reste également la déception de ne jamais connaître le vaste plan de Pierre Bottero pous les différents mondes qu'il imaginait ...