C’est un écrit divisé en cinq parties que nous propose Bernanos. La forme est particulière puisque ce sont des textes écrits pour des conférences. Ce qui explique une certaine redondance au sein des parties. On oublie plus facilement ce qui est prononcé à l’oral puisque nous n’avons pas de support c’est pourquoi Bernanos martèle certaines thématiques.
Quelles sont-elles ? Il reprend une large partie de ce qu’il traitait dans La France contre les robots, il critique la liberté que la société des machines nous enlève. Cette société, anti-civilisation qui pousse l’humanité dans la jouissance, la fuite en avant et les loisirs. Cette anti-civilisation qui détruit notre vie intérieure, que Bernanos assimile à la liberté, celle de pensée notamment. L’homme moderne n’a plus le temps, en plus de cela la nourriture spirituelle qu’on lui donne ne peut le rassasier. Pour contrevenir à cette déspiritualisation, il se jette dans la modernité.
Bernanos esquinte ceux qui croient au dogme du progrès et voit dans l’Histoire une locomotive sur ses rails. Il préfère comparer l’Histoire à une toile que l’on recompose sans cesse. À propos de locomotive, la machine et les spéculateurs qui les contrôlent l’inquiètent. Ces personnes usent de propagande pour tuer la vie intérieure et ainsi rendre acceptable le mélange de mensonge et de vérité qu’elles propagent. Il met dos à dos marxistes et libéraux qui ne pensent qu’aux lois économiques et veulent dicter la marche du monde sous celles-ci.
Il s’inquiète, de la bombe atomique tout d’abord. Celle-ci le hante durant ces cinq conférences, c’est quelque chose qui l’a profondément marqué. C’est la machine des machines, celle qui pourra détruire le monde et l’humanité avec. Il souhaite que la jeunesse, nos « boomers », ne se laisse pas avoir et n’attend pas de la génération qui a laissé faire cette guerre un quelconque salut. Cette génération, dont Bernanos fait partie, laisse la propagande s’implanter en temps de paix et se comporte comme si l’on rentrait de vacance. Alors que nous rentrons d’une guerre terrible, destructrice.
Et c’est aussi un écrivain catholique, il nous expose sa foi et ses croyances. Il en veut aux nouveaux convertis d’être un peu trop ostentatoires dans la démonstration de leur foi. Mais, il en veut aussi à ceux qui croient qu’utiliser les mythes de la Bible pourra convertir les masses. Car il s’en remet à Dieu, qui est amour, et qui nous a laissé le libre arbitre pour que nous le rejoignions de plein cœur.
La lecture est très facile, même si les redondances peuvent être fatigantes à la longue. Néanmoins Bernanos donne un message d’espérance, et non d’optimisme, face à la société des machines. Il souhaite de plein cœur que la France reprenne son rôle de libératrice — référence à 1789 — et combatte ce monde anglo-saxon et allemand, mené par les lois économiques.