La ligne rouge est un excellent livre, mais le sujet est loin d'être plaisant.
Pendant la seconde guerre mondiale, nous suivons la compagnie Charlie lors de la campagne de Guadalcanal, surnommée aussi le "Verdun du pacifique". Une bataille âpre et brutale.
Au cours de cette dernière, l'oeuvre de James Jones nous donne a suivre les péripéties de plusieurs soldats, du capitaine Stein jusqu'au simple soldat Bell en passant par le sergent chef Welsh.
La première impression est celle d'une immense machine en marche, broyant indifféremment les hommes qui tentent de survivre au conflit tout en préservant des lambeaux d'individualités.
Point de morale, ici juste un univers froid et clinique, une analyse des sentiments autant que des combats, ou du manque de combat. Les hommes se battent, survivent et meurent dans un étrange mélange d'effrois, d'ennuis et de haine.
Les soldats dépeint ici ne sont pas des dieux de la guerre, loin de là, ce sont des gens projetés dans un univers inconnus, indifférent au mieux et hostile au pire; et quand l'héroïsme surgit au détour d'une page, il n'est souvent le fruit que de la panique et de la lutte désespérée pour survivre. Le japonais est un ennemis inconnaissable dans sa réalité, presque autant que la mort elle-même. On ne le tue parce que le tuer permet de préserver sa vie, ou pour se venger de la mort lointaine et indifférente qu'il a tenter d'infligé. De fait la culpabilité est minimale, sinon inexistante lorsqu'on lui arrache ses dents en or ou qu'on collectionne les photos de couple prise a son cadavre.
James Jones nous livre un roman bien plus psychologique qu'il peut n'y paraître au premier abord, dépourvu de tout sentimentalisme et de patriotisme, ou perce l'horrible vérité à travers les personnages du Sergent Welsh et le soldat Witts : pour appréhender la réalité de la deuxième guerre mondiale avant d'y être confronté, il faut être cinglé, et tout individus pourvu d'un idéal sera broyé par le conflit en même temps que ses derniers.