À ne pas lire d'un seul trait (vert)...
Je suis un grand fan de Stephen King, que je considère comme quelqu'un de très doué dans son domaine, c'est-à-dire la peur, le macabre, et les histoires qui s'écoutent au coin du feu.
J'en attendais donc beaucoup, comme à chaque Stephen King, mais je suis un peu déçu, au final, pour un unique point central qui gâche tout. Mais il n'est pas inévitable...
Comme toujours chez Stephen King, l'histoire est intense, prenante, intéressante. L'histoire à deux niveaux, dans le passé et dans le présent, maintient d'autant plus l'intérêt du lecteur. Les différentes ramifications sont toujours abondantes. Il n'y a aucun problème de ce côté là.
Les personnages sont plutôt intéressants, mis à part les amis du héros hors Brutal. On en apprends beaucoup sur eux. Si leurs motivations ne sont pas toujours expliquées, c'est surtout leur comportement dans la "ligne verte" qui est intéressant. Ce n'est pas aussi manichéen que d'autres bouquins de S. King, notamment l'ambiguïté des gardiens, ou de Delacroix par exemple. Et sans trop spoiler, même John Caffey est ambigu.
On ne lis jamais un Stephen King pour le bijou d'écriture qu'il est, et la Ligne Verte ne fait pas exception à la règle, d'autant qu'il a été écrit en vitesse, de l'aveu même de l'auteur. Et ça se sent par moment. C'est légèrement moins bien écrit que d'autres livres du même.
Ça reste toujours tout de même très prenant. L'ambiance est géniale comme toujours, la ligne verte est un lieu avec une sacrée personnalité. L'histoire reste touchante, mais à part quelques informations factuelles, on en apprend pas beaucoup plus en lisant le livre qu'en regardant le film. C'est un peu le défaut de Frank Darabont : il serait presque trop fidèle, et en viendrait à remplacer le livre.
Concernant les thèmes abordées, il y en a un de limpide : la peine de mort. Stephen King n'y donne son avis qu'avec une seule phrase, et ça suffit.
Au delà de ça, qui n'est pas forcément très original, même si traité de façon intéressante, c'est bel et bien le parallèle entre la prison et la maison de retraite qui donne un piquant appréciable au bouquin. On ressent la douleur d'être vieux...
Passons au point qui fâche : la structure du récit. Stephen King a ordinairement le chic pour faire des récits qui se "tiennent" et qui tiennent en haleine le lecteur tout au long du bouquin. Ce n'est ici PAS le cas. Le rythme est haché ...
Et c'est parfaitement normal car le livre est sorti par "épisodes" originellement. Du coup, on a des résumés régulièrement, comme un vieux qui radote. Ça fait réaliste, mais ce n'est pas pour autant agréable à lire.
La version que j'avais entre les mains était sensée être une version corrigée qui devait donc redonner une certaine cohérence, et c'est raté. Stephen King ne s'est pas foulé à réécrire tout le bouquin, et je le comprends, mais il y a tout de même tromperie sur la marchandise.
Si je n'avais qu'un seul conseil à donner, c'est d'acheter ce livre sous sa forme de 6 épisodes, et de se forcer à marquer une pause d'un mois entre chaque bouquins.
Deuxième conseil : si vous n'avez pas encore vu ni entendu parlé de la Ligne Verte ( le film ), commencez par le livre. Une grande partie de l'intérêt du bouquin tiens au suspens et à la découverte de l'histoire que nous raconte Stephen King. Il vaut mieux tout ignorer en commençant le livre. Et si je me tiens à l'expérience des Évadés, il vaut mieux lire le livre puis regarder le film, aucun des deux n'en est ainsi gâché.
Au final, je suis déçu car le livre n'est pas foncièrement mauvais, mais je n'ai pas réellement pu en profiter à sa juste valeur. Le défaut du rythme casse toute l'ampleur et tout l'impact que S. King sait mettre dans la structure de ses livres, pour nous prendre et nous surprendre.
C'est donc un 6 ... mais ce serait un 7 ou 8 lu dans de bonnes conditions, à mon avis.