Cet opus est d’abord une déception:
déception de voir qu’on quitte la France, qu’on a raté le règne si prometteur de Philippe Le Long, personnage qu’on a aimé suivre dans le tome précédent, et qu’on aurait voulu mieux connaitre encore.
Oui mais voilà, pour ce 5ème tome, Duron nous fait traverser la manche et nous montre une fois de plus qu’il sait garder quelques tours dans la sienne (de manche).
Isabelle, la fille de Philippe le Bel, celle par qui le scandale de la tour de Nesle a été dévoilé, n’est pas une reine de conte de fées.Elle est mariée à un roi qui la néglige, et qui en plus lui impose ses amants à qui il offre les présents et honneurs auxquels elle n’a pas le droit.
Pour le coup on peut dire qu’il n’est pas très fin le petit Edouard.
Toute l’histoire va donc tourner autour de la reine Isabelle qui trouve un pretexte pour se réfugier en France, y réunir des partisans et tenter un retour triomphal en Angleterre afin d’y déstituer son mari au profit de son fils.
Ca c’est une femme qui a de la poigne.
Et son périple est passionnant à suivre, une fois de plus Druon arrive à laisser certains pans de l’histoire de côté pour nous livrer le plus croustillant, et si on est dérouté de voir que l’action se téléporte en Angleterre, on est vite rassurés de voir que c’est pour éviter de s’ennuyer avec un nouveau roitelet incapable et fade en France, ou pour continuer la lutte Robert/Mahaut pour l’Artois, le marronier de cette saga..
Un nouveau tome passionnant même si on n’y rencontre pas de personnage aussi attachant que pouvait l’être Philippe le Long dans le précédent.
Druon nous offre de grands moments d’émotion, notamment le décès de Charles de Valois qui dure quelques pages durant lesquelles on revit avec lui les grands moments et les grands hommes qui l’ont précédé: une jolie mort pour un personnage qu’on n’aura vu qu’en filigranne jusque là.
Mais à côté de ce moment d’émotion historique, le gentil Maurice ne nous épargne rien quand il s’agit de rendre à l’histoire toute la cruauté qui a été la sienne: le supplice de l’amant du roi d’angleterre est insupportable, et la fin du roi lui même donne de fortes envies de vomir. Malgrè ça on continue, et ça aurait presque des vertus prugatoires de se souvenir de tout ça, comme si on avait un “devoir de mémoire”, une façon de se rappeler que le beau moyen âge n’était peut être pas si rose qu’on aime à l’imaginer (et qu’on prenne la manche par n’importe quel côté, la cruauté est une notion qui semble universelle)