Retour de lecture sur "La machine infernale" une pièce de théâtre en quatre actes écrite par Jean Cocteau en 1932. Cette pièce qui s'inspire directement du théâtre de Sophocle est une réécriture contemporaine de la pièce "Oedipe roi", une nouvelle représentation et actualisation du mythe, comme l'a été par la suite au cinéma le film de Pasolini ou d'une autre manière la chanson "The end" des Doors qui le prend clairement en référence. Cocteau redonne ainsi vie, de manière originale et non sans humour, à de grands personnages de la mythologie grecque comme Oedipe, Jocaste, Antigone et Créon. Dans le premier acte, le fantôme de Laïus, le père d'Oedipe tente de prendre contact avec sa veuve pour l'empêcher d'épouser son fils. Ne maîtrisant que très mal sa manière d'apparaître, il parvient uniquement à s'adresser à deux sentinelles. Il semblerait qu'on soit là dans une parodie d'Hamlet. Dans le second acte Oedipe fait la rencontre improbable du Sphinx personnifié en femme, visiblement sensible à son charme, à qui il donnera la bonne réponse à la fameuse énigme dont dépend son destin: mourir ou devenir roi. Dans le troisième acte nous assistons à la nuit de noce d'Oedipe et de Jocaste, qui ne savent pas encore qu'ils sont mère et fils, avec une conversation amusante autour de l'âge de Jocaste. Et enfin dans le quatrième et très court acte, on assiste à l'emballement de la machine infernale, avec la découverte par Oedipe qu'il n'a pas échappé au destin que l'oracle lui a annoncé «Tu assassineras ton père et tu épouseras ta mère». On y trouve un clin d'oeil amusant à la future gloire d'Oedipe (grâce à Freud). Cette réécriture du mythe d'Oedipe et de la pièce de Sophocle, est vraiment très agréable à lire grâce à l'écriture légère de Cocteau, elle permet de se replonger dans la mythologie grecque avec un texte très amusant, précurseur du théâtre de l' absurde. C'est une pièce plutôt bien construite, écrite de manière assez moderne, qui tranche un peu par rapport au contenu et sujet traité. La portée philosophique avec la notion de fatalité est plutôt bien amenée à travers ce personnage qui fait tout pour échapper à son destin et qui finalement se fait rattraper quand même et n'y réchappe pas. le message étant que l'homme n'est pas libre, il naît aveugle et ce sont les dieux qui règlent sa destinée. C'est au final, une très courte lecture, une très belle pièce, intelligente et amusante, parfaite pour ceux qui veulent découvrir l'univers de Cocteau.