Une réécriture du mythe d’Oedipe, et de la pièce de Sophocle en particulier, par un Jean Cocteau qui était loin d'être en grève de verve en faisant se suivre les morceaux de comédie qui chatouillent souvent sérieusement les zygomatiques. En fait quatre morceaux de comédie, un pour chaque acte...
Le premier avec le fantôme de Laïos, le papa d'Oedipe, appelé pour l'occasion Laïus, qui tente désespérément de communiquer avec sa veuve, mais qui arrive juste à s'adresser à deux sentinelles, tout en ayant des difficultés à gérer l'image et le son en même temps, pour la prévenir de vous savez quoi. Inutile de préciser que cet acte est une parodie de "Hamlet".
Le second conte d'une manière improbable la rencontre entre notre héros et le Sphinx, enfin plutôt LA Sphinx étant donné que c'est une femme, une femme qui d'ailleurs est très loin d'être insensible au charme d'Oedipe. J'en dis pas plus... mais c'est à se fendre la poire.
La nuit de noces entre Oedipe et Jocaste, sa maman qui est devenue sa femme mais bien sûr aucun des deux ne connait encore le lien parental qui les unit, où on aura le droit à des répliques savoureuses du genre "J'ai l'âge d'être ta mère" (enfin de ce style, j'ai pas la réplique exacte en tête !!!).
Et enfin, autant les trois premiers actes se déroulent avant la pièce de Sophocle, autant le quatrième et donc dernier reprend une scène du tragédien grec mais en la tournant à sa manière très marrante, avec notamment l'apparition du fantôme de Jocaste.
On remarquera une certaine pointe de misogynie dans le fait que seule Jocaste soit responsable de l'abandon dans le désert de son gosse futur mari, contrairement à la pièce de Sophocle où le papa Laïos avait aussi quelque chose à voir avec cet acte ignoble. Mais on a envie de fermer les yeux sur cela (ah oups désolé, j'en ai pas fait exprès... !!!) tellement on éprouve du plaisir à lire cette pièce vraiment pas comme les autres d'un auteur vraiment pas comme les autres.