Si beaucoup de lecteurs ont tendance à voir ce tome 3 comme celui qui débloque enfin le rythme, et donne une nouvelle envergure à l'histoire, je reste toujours aussi peu séduit par le destin des Caskey, et de Perdido. Pourtant, les quelques premiers chapitres m'ont d'abord enthousiasmé. Le conflit entre Queenie et son mari, l'angoisse de Frances pour cette chambre d'ami et sa penderie mystique... Mais si je continue ma lecture à grande vitesse grâce à une écriture simple et sans fioriture, les pages défilent sans grande émotion, pour deux principales raisons.
Les personnages sont malheureusement bien trop faibles pour faire tenir la saga sur la durée. L'un des personnages les plus symptomatique de cette écriture un peu balourde est celui de Mary-love. L'auteur a poussé le curseur de sa bêtise et de sa haine aveugle si loin que le personnage en perd toute sa crédibilité. Alors oui, on déteste Mary-Love, mais à aucun moment on ne croit à sa tangibilité. On a globalement l'impression d'avoir deux clans : les personnages flous et insipides (James, Oscar...) et les furies (Elinor, Mary-love, Miriam...). C'est sûrement la volonté de Malcolm Mcdowell d'avoir voulu créer ces personnages si polarisés, mais malheureusement ça ne fonctionne pas.
L'autre souci parallèle, qu'on retrouvait déjà dans "La Crue", est le trop grand nombre d'ellipses, parfois de plusieurs années d'un coup. Elles contribuent clairement au manque d'attachement pour la famille Caskey. Ils vieillissent sans trop qu'on s'en rende compte, sans qu'on ai pu réellement voir certains personnages grandir (Miriam et Frances qui prennent 15 ans en une centaine de pages). Finalement, on finit par se dire que tous les personnages pourraient bien mourir à la prochaine crue que ça ne ferait pas quelconque effet sur le lecteur.
En revanche, comme je l'espérais à la fin du tome précédent, la part de fantastique prend un peu plus d'importance, avec Elinor qui continue de jouer la bouchère de service, sous une forme de créature toujours floue, et grâce à cette mystérieuse chambre d'amis. Mais le tout reste trop accessoire, et ne parvient pas à se mêler avec cette histoire de querelles familiales. Finalement, je crois qu'il faut que je fasse le deuil de mon espoir de lire Blackwater comme une saga fantastique et d'horreur. Je vais donc continuer de lire les tomes suivants, car je reste un minimum curieux de savoir la fin, mais le plaisir ne vient toujours pas !