Lian Hearn, cette Australienne passionnée de culture et d'arts japonais qui m' (nous) avait fait vibrer, dans ma (notre) jeunesse, avec cette fabuleuse trilogie du Clan des Otoris (j'omets les deux tomes qui ont suivi mais qui n'étaient pas initialement prévus), nous revient avec La maison de l'Arbre Joueur. Elle s'inspire ici de faits réels : la révolution industrielle et culturelle du Japon avec la fin du système de shogunat. Nous sommes donc environ un siècle après les événements qui se sont déroulés dans le Japon - fictif ici - des samouraïs du Clan des Otoris. Cependant, le cadre reste fort semblable, et nous retrouvons des lieux communs, comme la ville de Hagi, et la carte des Otoris est similaire à celle du Chôshu, province centrale de cette nouvelle histoire. Par ailleurs, si le Clan des Otoris était clairement un roman jeunesse, j'ai l'impression que Lian Hearn cherche avec ce roman à toucher un public plus large.
Néanmoins, malgré toutes ces idées prometteuses, je trouve que l'auteure ne convainc pas au terme du récit. Elle opère un mélange fiction/réalité avec des personnages réels et d'autres inventés. Cela est efficace dans un premier temps, mais devient parfois superflu lorsque les personnages principaux - fictifs - deviennent totalement secondaires dans des chapitres qui, j'ai trouvé, donnaient l'impression de sortir de nulle part et n'apportaient pas d'avancées à la trame principale. J'ai donc trouvé que la fin du récit tirait en longueur, et c'est un des pires sentiments que je peux avoir en lisant en livre... Le fil rouge se perd et fait des nœuds, c'est là le problème majeur du roman. D'un récit historique, faut-il tout dire ou laisser tomber quelques chapitres ? Quid d'un récit fictif ? L'écueil provient du fait d'avoir mélangé les deux, et l'auteure ne parvient pas à s'en défaire facilement, ce qui se ressent.
Pour ce qui est du style, là aussi mon avis est partagé. Lian Hearn présente de belles envolées lyriques très japonisantes, mais celles-ci doivent être ponctuées par de l'histoire concrète, des dialogues, et c'est le cas au cours de la majeure partie du roman ; mais il arrive que bien vite, on se lasse d'un peu trop de descriptif (impression qui, il me semble, ne m'était pas venue au cours de la lecture, il y a quelques années, de la trilogie sus-mentionnée).
Bref, tout cela pour dire que Lian Hearn restera l'emblématique auteure du Clan des Otoris qui m'avait transporté dans ma jeunesse, mais qui malheureusement ne parvient pas à réitérer l'exploit pour un public cible plus large.