Adrien Tomas ne m'avait pas séduit sur la Geste du Sixième Royaume. Trop de trop à mon goût, un défaut que j'ai retrouvé dans la Maison des Mages mais en moindre mesure. Une bonne surprise donc, qui se lit finalement très bien.
Peut-être grâce à une meilleure construction du récit. Les persos sont nombreux mais plus approfondis, ce qui n'évite pas le recours aux caricatures mais autorise néanmoins la nuance, surtout grâce à leurs motivations et sentiments qui se dissimulent parfois jusqu'à l'instant de leur mort, ce qui a autant de chance de surprendre que de tomber à plat selon les situations. L'univers est légèrement plus développé, peut-être parce que l'auteur a écrit de circonstances et non pour conter une génèse. J'ai néanmoins regretté la structure du premier chapitre (des étudiants et une leçon en guise d'exposition, à mon sens facile et maladroit) qui m'a directement projeté dans la Geste du Sixième Royaume où on retrouve une scène similaire dès les premières pages. Mais c'était finalement l'une des rares fois où j'ai eu une impression de répétition entre les deux romans, ce que je craignais un peu. Pour conclure les comparaisons, la Maison des Mages s'articule autour d'une intrigue à l'échelle du continent, dessinée par petites touches à travers des personnages, certains récurrents, d'autres qui ne s'expriment qu'une ou deux fois pour offrir un point de vue inédit (quoique pas forcément intéressant ou nécessaire). A cheval entre le roman d'intrigue et le roman de persos.
Des persos que j'ai trouvé plutôt attachants, quoiqu'il manque toujours un certain sentimentalisme à la plume de l'auteur. Les actions et réflexions sont intéressantes, mais pour leurs sentiments, on repassera (je pense à la belle relation de loyauté et de confiance entre deux persos, tardivement gâchée par un développement trop brusque à mon sens). Mais le modèle suit au final celui de l'intrigue, saccadée et souvent brutale, au moins c'est cohérent.
Les morts n'émeuvent pas, je ne saurais pas trop dire pourquoi, mais peut-être à cause de la succession d'événements qui ne laisse pas le temps à perdre. C'est dense, mais on sait où donner de la tête ; seulement, on en donne pas forcément là où va notre intérêt, mais on n'a pas le choix que de suivre le train.
Je sais que la tendance est à la concision et faut que tout aille vite, mais la même intrigue en deux tomes, qui prennent le temps qui lui faut, m'aurait sans doute plu deux fois plus.