La Maison du chat-qui-pelote par BibliOrnitho
La maison du chat-qui-pelote est la boutique d’une famille aisée de drapiers de la rue Saint-Denis. Aisée car ouvrière et économe. Chez les Guillaume, on est fourmi et non pas cigale : on vit de peu dans l’austérité la plus complète. Les trois commis doivent suivre et abattent le travail de dix personnes.
Le couple vieillissant a deux filles à marier : Virginie, 28 ans, et Augustine, dix ans de moins. On est traditionnel : Augustine ne se mariera pas avant sa sœur. Pourtant, elle est bien plus jolie fille que son aînée et suscite davantage de convoitises.
Depuis quelques temps, Théodore de Sommervieux, aristocrate fortuné et peintre de talent, est au premier rang de ses adorateurs. On le voit dans la rue et à l’église que fréquente la jeune fille cherchant à apercevoir son aimée. Il réalise pour le Salon deux toiles : le portrait d’Augustine et l’intérieur de la boutique du chat-qui-pelote. Tableaux qui eurent un franc succès et valurent à l’artiste d’être fait chevalier de la Légion d’Honneur par l’empereur lui-même. Evènement qui lui permit finalement de convaincre les parents très réticents lorsqu’il vint officialiser ses intentions de mariage.
Alors que Virginie – qui fut donnée selon la tradition de la maison au premier commis – vécut un bonheur conjugal sans chaleur ni orage, Augustine connut une ardente passion qui finit par s’émousser et disparaître tout à fait. L’illustre époux ne trouva plus d’attrait à sa femme trop douce et renoua avec ses mœurs volage : il partit chercher le frisson auprès de la comtesse de Carigliano. Sollicitée par Augustine qui souhaitait reconquérir le cœur de l’homme qu’elle aime, la comtesse conseilla la jeune ingénue qui se révèla toutefois incapable de se corriger. La reconquête échoua lamentablement et la belle mourut de chagrin.
Un texte très dense et absolument magnifique dans lequel Balzac met en parallèle deux couples (comme le fera Tolstoï un demi-siècle plus tard avec Karénine/Vronski et Kitty/Levine) : les époux honnêtes qui font un mariage de raison, certes sans exaltation, mais durable et les époux ambitieux qui suivent leurs inclinaisons sans se préoccuper des classes sociales. Augustine toute à sa folie se trouve plonger du jour au lendemain dans un monde qui n’est pas le sien : plus que les différences de fortune ou de naissance, c’est la culture, la philosophie et le mode de vie qui séparera irrémédiablement les amants.
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