Le village de Chapelizod, près de Dublin, est le théâtre d’événements bien étranges. Tout commence par la découverte d’un crâne dans le cimetière paroissial, un crâne portant des traces de violence. C’est l’occasion pour le narrateur, vieil homme bavard, de nous raconter les mystères auxquels il s’est trouvé mêlé dans sa jeunesse, vers 1760. En ces temps-là, « c’était la grande époque de Chapelizod, et cette époque était finalement, peut-être, je puis vous le dire à l’oreille, en dépit de ses couleurs et de ses aventures, moins agréable à vivre qu’à rêver ou à connaître dans les livres. » L’histoire tourne autour d’un fait divers, en apparence banal : le meurtre d’un docteur du village dans le bois du Boucher. Mais à cette agression s’ajoutent d’autres assassinats bien enfouis, de fausses identités, une disparition et des liaisons dangereuses. En Irlandais digne de ce nom, Le Fanu invoque aussi les esprits, et ceux qui hantent la demeure « Sous les Tuiles » donnent vraiment la chair de poule ! A la fin du roman, on apprend enfin à qui appartenait le crâne abîmé, mais entre-temps le lecteur a expérimenté tant d’émotions différentes, connu tant de personnages intéressants et parcouru tant de lieux effrayants ou pittoresques et que le mystère initial n’a plus grande importance.
Sheridan Le Fanu - l’un de mes auteurs préférés!!- est un nom qui compte dans la littérature victorienne. Spécialiste du roman noir, du fantastique et des énigmes policières, il est passé maître dans l’art de jouer avec nos nerfs, comme dans cette oeuvre qui révèle les nombreuses facettes de son talent. « La maison près du cimetière » est un l’un des derniers romans gothiques, mais aussi un thriller haletant, une peinture sociale pleine d’humour et un « conte d’hiver » à la manière de Dickens. Ce roman publié en 1860 n'avait encore jamais été traduit en français, alors que c’est sans doute, avec « L’oncle Silas » et « Carmilla », le chef d’œuvre du génie irlandais.