Qui n’a pas déjà entendu la marche de Radetzky si ce n’est au concert du Nouvel An donné par l’Orchestre Philarmonique de Vienne ? Tiens … Je me suis même renseigné (cf. Wikipedia) : « Depuis 1958, le concert se termine généralement par trois bis après le programme principal. Le premier est traditionnellement une polka rapide. Le deuxième est la pièce de Johann Strauss II : la valse du Beau Danube bleu, dont l'introduction est interrompue par les applaudissements du public. Les musiciens souhaitent alors collectivement au public une heureuse nouvelle année, puis jouent le morceau suivi par la Marche de Radetzky de Johann Strauss I. »
Le roman de Roth date lui de 1932 mais comme pour ces concerts, il symbolise l’Empire austro-hongrois, sa grandeur mais aussi son déclin car cette marche a été composé en réalité en l’honneur de l’un des derniers généraux victorieux de l’Empire.
Dans ce roman, on suit les Trotta, issus de paysans slovènes dont le destin va être bouleversé par l’exploit héroïque à la bataille de Solferino ou un simple lieutenant sauve la vie à l’empereur François-Joseph. Les Trotta se verront alors adjoindre un Von devant leur nom et intégreront une nouvelle sphère en obtenant le titre de baron. Cette faveur impériale qui se devait d’ouvrir de nouveaux horizons se révélera au final être un fardeau sous lequel le petit fils du héros, sous-lieutenant dans l’armée et obnubilé par l’image tutélaire du grand-père, ploiera, perdra son honneur et au final la vie.
Requiem d’une époque, Roth dépeint à travers cette épopée familiale tragique une société en déliquescence, battue avant d’avoir combattue, attendant simplement le signal pour enfin expirer si possible dans de beaux draps fins. Par certains points, on retrouve les plaisirs rencontrés à la lecture de La montagne Magique de Thomas Mann.