New world symphony

Premier livre que je lis de Larry McMurtry, et je dois dire que je suis conquis, déjà. Les jeunes Woodrow Call et Gus McCrae s'engagent chez les texas rangers, pressés de vivre des aventures passionnantes. Ils découvriront bien vite que leurs chefs auto-proclamés ne savent pas ce qu'ils font, et que les expéditions sont si dangereuses qu'ils pourraient bien y rester.

C'est que la nature déjà est terrible : on y meurt de faim, de soif, de chaud, de froid, ou simplement de fatigue, quand ce n'est pas d'un accident le long d'une falaise escarpée. Mais par-dessus tout, dans ce territoire cauchemardesque vit l'indien, complètement en phase avec son environnement, au point qu'il peut surgir de n'importe où pour scalper, ou simplement voler les chevaux, ce qui constitue dans certains cas une mort tout aussi certaine.

On n'est pas loin de McCarthy, avec ses petites silhouettes comme des pantins dérisoires, perdues dans l'immensité, et la violence rappelle le jusqu'au-boutisme de Méridien de sang. Elle y est crue, soudaine, jamais édulcorée.

Au milieu de tout cela il y a les personnages. Chacun est ramené à des éléments qui le distinguent, de sorte qu'ils existent tous, grâce notamment à des dialogues ciselés. Ceux de Bigfoot Wallace en particulier sont d'une extrême drôlerie toujours renouvelée. Les personnages sont clairement l'une des grandes réussites de ce roman fleuve, allant de péripétie en péripétie, sans aucun temps mort.

Le far west est ici non pas démythifié, car on est au cœur de la légende, mais désacralisé. Au mythe d'une Amérique conquérante succède la présentation d'une armée de va-nu-pieds menés par d'opportunistes incapables. Cela a déjà été fait, certes, et bien avant ce roman même, mais rarement avec une telle empathie pour les personnages. Misérables peut-être, peu recommandables certainement, mais jamais méprisables. Larry McMurtry arrive à nous faire éprouver de l'empathie pour ceux-là même qu'on sait être les pires salauds, et sans jamais recourir à la mièvrerie.