J'attendais sans doute un peu trop de ce troisième volet. Pour dire vrai, j'attendais essentiellement un changement de rythme et une évolution de type maturité dans les comportements et tempéraments des personnages principaux. Hélas, j'ai dû prendre mon mal en patience et c'est surtout l'ennui qui, à ma grande déconvenue, a dominé ma lecture, à tel point que je ne suis pas certaine de vouloir poursuivre la saga lorsque le tome suivant paraîtra.
Pendant les deux tiers du récit, j'ai éprouvé un sentiment d'enfermement, notamment en raison de l'entrée d'Ophélie au Conservatoire. J'ai eu l'impression d'être plongée au cœur d'un ersatz de Poudlard avec notamment les rivalités entre étudiants et les rapports complexes avec professeurs et règlements intérieurs. Alors que j'avais espéré découvrir une Ophélie plus sûre d'elle et plus femme (et au vu de ses expériences et aventures du Pôle, je pouvais légitimement l'envisager), je l'ai retrouvée presque trois ans après les événement du tome 2 assise derrière les bancs de l'école, dans la peau d'une étudiante et n'ayant gagné ni en prudence ni en introspection ; étrange sentiment de régression.
Et puis, pardonnerai-je à Christelle Dabos d'avoir privé la lectrice que je suis du personnage de Thorn pendant plus de la moitié du roman ? Alors que dans les tomes précédents, l'auteure semblait avoir mis un point d'honneur à bien équilibrer ses apparitions et ses interactions avec Ophélie, dans "La mémoire de Babel" il faut attendre plusieurs centaines de pages avant de le voir réapparaître, et encore plus de pages avant de déceler chez lui une attitude moins monolithique qu'auparavant.
Par contre, point positif - bien qu'il soit à double tranchant -, l'intrigue principale qui structure la quête d'Ophélie, et par là même toute la saga, gagne en profondeur et en complexité. Les mystères qui entourent l'entité à combattre se densifient. Par conséquent, l'auteure aura tout intérêt à offrir rapidement la suite des aventures de Mr et Mrs Thorn à son lectorat, au risque de le voir complètement perdre le fil de l'histoire, un comble quand on sait le rôle qu'y joue la mémoire.