Il n'existe aucune certitude fiable en ce monde. Cette phrase, écrite par Haruki Murakami dans Le meurtre du Commandeur, et qui reflète les pensées de son narrateur, résume d'une certaine façon toute l'oeuvre de l'écrivain japonais. Et plus particulièrement dans le livre 2 de son dernier roman (joliment intitulé La métaphore se déplace) dont une grande partie se déroule dans un univers onirico-fantastique alors que son héros doit essayer de ne pas succomber aux forces du mal en crapahutant dans un souterrain étroit durant un temps difficile à déterminer. Pourquoi cette douloureuse épreuve ? Pour retrouver une fillette disparue dont il a fait le portrait (rappelons qu'il est peintre) et avec laquelle il a lié une relation d'amitié et de connivence. Ce long passage est censé être le point d'orgue et l'acmé de ce roman-fleuve. Ce n'est pourtant pas le meilleur (avis personnel) tant Murakami est bien plus passionnant quand il évoque le quotidien presque heure par heure de son personnage principal avec la douce mélancolie de quelqu'un qui se pose de nombreuses questions sur le sens de sa vie, de ses amours, de ses emm..... Le meurtre du Commandeur est admirablement agencé reliant avec un grand naturel êtres réels et imaginaires, ces derniers sortis de la toile d'un peintre âgé et proche de la mort dont le narrateur habite provisoirement la maison. Il y a de l'humour, de la poésie et une pincée d'érotisme dans le roman, comme souvent chez Murakami, mais surtout ce sentiment que la frontière est poreuse entre ce qu'on appelle la réalité et des univers parallèles où tout peut arriver. Toujours cette idée qu'en ce monde il n'existe aucune certitude fiable. Et c'est ce qui fait le charme du livre de Murakami, encore une fois. Qu'il se laisse prendre la main et le lecteur se verra entraîner dans des contrées où le beau et le bizarre chevauchent de concert. Comme toujours chez l'écrivain, ce n'est pas la destination qui compte mais bien le voyage. Et celui-ci vaut le détour !

Cinephile-doux
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le 31 oct. 2018

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