Superbe texte d'Alastair Reynolds, qui vient enrichir d'un bijou de plus la collection "Une heure lumière" du Bélial.
Cette novella se déroule dans un lointain futur (on parle de plusieurs millions d'années), en un temps où l'Humanité a essaimé à travers les galaxies et s'est divisée en une multitudes de civilisations différentes, toutes adaptées à des biotopes ou des styles de vie différents. Une Humanité protéiforme donc, où notre bipédie à pouces opposables n'est plus forcément la norme.
Le récit prend place au cours de la rencontre traditionnelle des membres de la lignée Gentiane (les 1000 clones issus de l'exploratrice Gentiane) qui a lieu tous les deux cent milles ans.
Comme on l'aura compris en voyant le rythme de réunion de la dite lignée, ces clones sont quasiment immortels, et pas loin d'être omnipotents. Pendant les deux cent milles ans séparant chaque réunion, les membres de la lignée Gentiane parcourent l'espace, chacun selon son envie. Lors des retrouvailles, chacun présente à ses frères et sœurs le fruit de cette longue errance sous la forme d'un souvenir que chacun va vivre en rêve pendant la nuit. Mille nuits de retrouvailles donc, pour mille rêves à partager.
Au terme de ces mille nuits, le plus beau souvenir est désigné par un vote, à charge pour le.a vainqueur.e d'organiser le rassemblement suivant.
Tout aurait donc pu se passer sans incidents, jusqu'à ce qu'évidemment, un petit rien vienne perturber la fête...
Le récit, construit comme une enquête, est très bien mené et nous dépeint une société post-humaine cohérente quoique vertigineuse (les membres de la lignée Gentiane sont réellement des démiurges). Ce qui commence d'abord comme une banale réunion de famille tourne vite au récit d'espionnage et au déjouement de complot.
Je ne révèlerai bien évidemment rien de l'intrigue, mais Alastair Reynolds mène bien sa barque, et on se laisse entraîner bien volontiers dans cette enquête, qui ne manque ni de mystères, ni de beaux moments de poésie.
Un régal !