La Mort à Venise par T_wallace
Longue nouvelle au titre accrocheur, la mort à Venise s'inscrit typiquement dans le registre du récit sans véritable fond porté par une forme admirable.
On a affaire à une nouvelle exceptionnelle de par la richesse et la beauté du style, le phrasé long et imagé ainsi que la fluidité de l'ensemble, mais néanmoins passablement pompeuse et même parfois carrément alourdie par les atours omniprésents du romantisme à l'allemande : passion exubérante du personnage central, descriptions au sentimentalisme exalté, symbolisme écrasant et un peu pataud (la description du "faux" jeune homme, l'épisode du gondolier sans permis...), etc.
Et le détachement feint du personnage d'Aschenbach ne suffit pas à outrepasser cette lourdeur, ni à faire basculer le récit dans l'ironie pressentie dans les premières pages. Ce qui est bien dommage d'ailleurs, car ces premières pages laissaient entrevoir une antipathie fort agréable de la part du personnage, qui s'écroule aussi vite qu'Aschenbach tombe amoureux de Tadzio.
De ce qu'il reste : le sentiment d'avoir vécu une expérience esthétique un peu vide, d'une beauté mélancolique à couper le souffle, et, malheureusement, d'un récit trop peu marquant à cause de son enrobage désuet.
(L'édition Fayar coll. Le livre de poche contient deux autres nouvelles : Tristan et Le chemin du cimetière, qui, si elles sont "masquées" par le poids fatalement écrasant de La mort à Venise, valent le détour. Elles sont d'ailleurs prises en compte dans la note, qui du coup est plus haute).
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