Critique de La Mort du petit cheval par JohanD
C'est tellement bien écrit! Une aisance assez impressionnante dans le style, qui rend la lecture de ce titre délectable.
Par
le 7 avr. 2013
4 j'aime
Voici venu le moment – jouissif – de la relecture de ce roman, que Bazin a écrit deux ans après "Vipère au poing".
On avait quitté Jean Rezeau, alias Brasse-Bouillon, au début de l'adolescence, plein de haine pour sa mère, la Folcoche, qui se débarrasse de ses enfants en les envoyant en pension.
Là, quelques années ont passé puisqu'on le retrouve au moment du bac, hébergé dans la famille Ladourd, en l'absence de ses parents partis à l'étranger.
Les Ladourd, des gens de peu, pour les parents de Jean. Les Ladourd, une vraie famille pour Jean qui apprend à s'apprivoiser et même découvre ses premiers émois face à une des filles, Micou.
Ce roman, c'est, entre deux accès de rage face à Folcoche devenue, avec le temps, la Vieille, la découverte de l'indépendance, de l'amour et de quelque chose d'inconcevable, la tendresse.
On ne la voit pas beaucoup Folcoche dans le roman mais quand on la voit, ça pète des flammes.
La scène sensationnelle où mère et fils se déchirent lors de la succession suite à la mort du père. Jean est désormais marié à Monique.
La première rencontre entre belle-mère et bru ne pouvait pas être anodine.
- Vous, la midinette, tenez-le-vous pour dit : vous ne ferez jamais partie de la famille.
Ce, à quoi Monique "répond d'une voix suave " :
- Vous avez donc une famille, Madame ?
Roman de l'introspection. Jean Rezeau se rend bien compte que son enfance lui a été volée dans ce climat de haine et de violences. De même, il prend conscience du lourd handicap que ce manque ou cette absence provoquent chez lui dans sa relation à autrui.
"Je suis toujours, à dix-huit ans, celui qui n'a eu d'intimité qu'avec lui-même".
Roman d'apprentissage et de découverte de l'amour, du bonheur, possible à la condition de prendre de la distance avec la haine, avec cette mère qui a perdu la bataille contre son fils.
La mort du petit cheval, c'est la fin de l'emprise sur le fils. "La fin de tout", donc, pour l'une. La fin de la guerre peut-être mais l'avènement d'une autre vie, plus heureuse, pour l'autre.
Dans quelque temps, retour avec le troisième volet "Le cri de la chouette"
Créée
le 2 juil. 2024
Critique lue 61 fois
7 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur La Mort du petit cheval
C'est tellement bien écrit! Une aisance assez impressionnante dans le style, qui rend la lecture de ce titre délectable.
Par
le 7 avr. 2013
4 j'aime
On dit souvent que le contexte influe grandement sur l'expérience que l'on a d'une œuvre. Cependant, je pense que même sans la compagnie solitaire de la campagne Lot Et Garronnaise j'aurais dévoré...
Par
le 8 mars 2017
2 j'aime
1
Revoilà Jean Rezeau, fils d’une bourgeoisie catholique de province, sur les chemins de l’émancipation et méritant donc moins que jamais le puéril et détesté sobriquet de Brasse-Bouillon. Et revoilà...
Par
le 16 avr. 2018
1 j'aime
Du même critique
Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...
Par
le 23 avr. 2022
25 j'aime
9
1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...
Par
le 13 nov. 2021
25 j'aime
5
"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...
Par
le 3 nov. 2021
24 j'aime
19