La Musique du sang par 96pages
Un roman de SF qui s'appuie sur des connaissances scientifiques pour construire son intrigue, voilà quelque chose d'intéressant et prometteur. "La Musique du sang" est du coup tellement, mais tellement frustrant à découvrir dans ce genre...
On sent que l'auteur s'intéresse à la biologie, qu'il a rencontré des scientifiques, chercheurs, ou profs de bio qui lui ont expliqué le fonctionnement d'une cellule et la manière dont fonctionne un laboratoire de recherche au quotidien. Mais alors pourquoi cet aspect là est-il aussi mal intégré au reste de cette histoire de SF somme toute classique ? Les explications scientifiques sont casées au milieu de l'histoire de façon maladroite, interrompant les réflexions du personnage ou l'action pour un cours de bio approximatif. Je reste dubitative quant à l'intérêt de ces précisions scientifiques (une protéine est synthétisée par un ribosome à partir d'un ARN, lui même obtenu par copie presque exacte d'un fragment d'ADN) puisque lorsqu'il s'agit d'alimenter les enjeux de l'histoire, l'auteur fait un grand écart monstrueux en esquivant toute considération scientifique. Après l'explication d'une demi page sur la manière dont une protéine est synthétisée, le héros nous annonce en voix off que les cellules qu'il cultive ont l'intelligence d'un singe rhésus et construisent des villes. Quoi ? Si les arguments scientifiques servaient à justifier l'intrigue SF de l'histoire, ok. Là, cela donne surtout l'impression de meubler pour impressionner ceux qui ne maîtrisent pas les arcanes de la biologie et caser l'invraisemblable après une volée de mots scientifiques... Pour mieux faire passer la pilule.
Le roman date de 1985, et il est vrai que la science progresse à un rythme exponentiel. Certaines choses banales aujourd'hui venaient sûrement tout juste de passer dans le domaine du "faisable". Mais cela n'excuse pas le fait de prendre son lecteur pour un idiot et, le noyant sous un flot de vocabulaire piqué dans les laboratoires, lui faire prendre des vessies pour des lanternes.
Toutes considérations scientifiques mises à part, j'ai trouvé les personnages plutôt transparents, les réflexions qui les animent assez primaires, le tout prévisible, et plutôt mal écrit.