À la Libération, partout en France, l'Épuration fut l'occasion de régler des comptes avec ceux qui avaient collaboré pendant l'Occupation. Parfois encadrée par la Justice (l'officielle), parfois expéditive, parfois exercée à l'occasion de "tribunaux populaires" sur simple présomption ou dénonciation.
En Corrèze et au mois d'août 1944, un propriétaire terrien et son fils sont sommairement exécutés pour leurs opinions pétainistes et leurs relations avec l'occupant et la milice. Une dénonciation calomnieuse concernera l'épouse du fils, Virginie, qui sera "jugée" dans un tribunal populaire. Elle sera humiliée et torturée puis condamnée avant d'être tondue et marquée d'une croix gammée infâmante sur la poitrine.
C'est le départ de l'histoire que Gilbert Bordes nous raconte. Le roman retrace le calvaire que vivra Virginie dans une amnésie totale mais aussi le calvaire des deux enfants qui devront affronter la honte et la flétrissure de leur nom.
Mais, comme Gilbert Bordes, en habile conteur de l'École de Brive et en véritable humaniste, va s'attacher à décrire le lent retour à la vie de Virginie et la ténacité des enfants pour braver l'opprobre qui leur colle à la peau.
Le style de Gilbert Bordes est incisif. Ses phrases sont courtes et fluides. Comme la plupart de ses romans, le livre se lit très facilement. On lit avec intérêt les itinéraires de ces personnages qui paient une faute qu'ils n'ont pas commise.