Pas de doute, après Un ciel rouge, un matin, La neige noire confirme que Paul Lynch s'inscrit dans la grande tradition des romanciers irlandais : âpre, rude, austère, dramatique. La neige noire raconte la désintégration d'une famille dans la campagne du Donegal au début des années 40. L'incendie d'une étable va signifier le début d'une descente aux enfers dans une tragédie implacable qui n'offre que quelques moments d'espérance qui ne résistent pas à une sorte de malédiction écrite d'une encre noire, comme héritière d'un lourd passé (la famine, la guerre d'indépendance). Très descriptif, d'une violence (presque) toujours contenue, le livre est sombre de bout en bout, laissant une large aux paysages irlandais, aux animaux (la jument, le chien, les abeilles) et à une communauté de plus en plus hostile à cette famille de faux-pays (le père a travaillé en Amérique avant de revenir dans sa patrie). Parfois déconcertant par ses rares dialogues qui ne se distinguent par aucune ponctuation dans le récit, La neige noire a des allures sinistres dans ses dernières pages qui peuvent apparaître comme excessives de par leur caractère terrifiant. Un évènement, en particulier, rappelle le Sukkwan Island de David Vann : choquant et presque obscène, en tous cas traumatisant. A déconseiller donc aux âmes sensibles et surtout déprimées.