Ce roman évoque l’importance de la parentalité dans sa construction mentale, de cet héritage qui nous est transmis dans notre jeunesse. Il est question du père qui porte en lui un drame personnel passé, véritable tournant dans sa vie d’homme. Il est guide de haute montagne, chaque jour, il s’enfuit pour accompagner des marcheurs tout en haut. Il est mutique et sombre, aussi mystérieux que sa montagne qui lui ressemble. On comprend que le choix du lieu prend ici toute son importance dans l’image du père autant admiré de tous et craint par ses enfants pour ses accès de colère et son mal de vivre. Ce père est à l’image de cette montagne, un bloc mystérieux qui renferme tant de beautés et de craintes. Isabelle, sa fille, poursuit dans ce roman un dialogue intérieur qui s’adresse à ce père admiré qui lui refuse un amour paternel malgré toutes ses tentatives. Après plusieurs années d’absence, et à la demande de son frère Olivier, Isabelle revient dans la maison de son enfance. Elle évoque dans ce dialogue la peur de la rencontre avec son père, elle qui vient de subir la perte de son compagnon dans des conditions très culpabilisantes pour elle. Isabelle est une productrice de films du monde sous-marin. Une fois encore, le choix du milieu marin, transparent et lumineux, en opposition à la masse montagneuse est importante. Ce drame parallèle de la disparition de son compagnon vient alourdir le poids du récit. Le père qui souffre d’un début de maladie d’Alzheimer livrera à ses enfants son terrible secret avant de tout oublier. C’est un roman émotionnellement lourd, sans doute un peu autobiographique. L’écriture est fine et incisive, le roman est court. Le dialogue intérieur avec le père, la mère ou le frère apporte une certaine lenteur à la narration. Le récit est vraiment touchant. Il trouve un dénouement atypique. Sans conteste, un beau roman qu’il faut lire absolument.