Tout le monde connait les talents de dialoguiste de Michel Audiard, et c'est bien cela que je souhaitais retrouver dans ce livre. Et je n'ai pas vraiment été déçu, on retrouve l'argot Parigo de l'auteur dans toute sa splendeur, les personnages portent des surnoms tout droit sorties des tontons flingueurs. On suit les aventures de Mirette et autres surnoms "fleuris". Mais en réalité une fois les retrouvailles avec ce vocable et cette verve consommées, il ne reste plus grand intérêt à l'ouvrage. Car certes, les dialogues et le récit est truculent dans sa forme, il l'est beaucoup moins dans son fond et dans son rythme.
On suit les aventures nocturnes d'Audiard dans un Paris mélancolique s'étendant de Montrouge à Boulogne, parcours parsemé par de nombreux flashback sur la période de l'occupation à Paris, et ces petites embrouilles du quotidien. Tout cela est assez intéressant au début et suffisamment vivant pour alimenter le récit mais hélas l’intérêt se délite au fil de ces divagations.
Proche du mythique "La traversée de Paris" par certain coté sur la partie concernant l'occupation avec son marché noir, sa lacheté quotidienne et sa pauvre résistance (le premier n'était pas l'opposée du second). Mais ce qui peut se suivre avec délice sur grand écran ne fonctionne pas forcément sous forme littéraire, et c'est bien ici le problème, la fulgurance des dialogues qui fait mouche à l'écran a moins d'impact à la lecture, malgré le fait que le lecteur ne pourra s’empêcher de mettre le visage et le timbre d'un Gabin ou d'un Ventura sur certain personnage du roman. Mais cet oeuvre n'aurait elle pas été bien plus convaincante à l'écran car à l'écrit un San Antonio ou autres du même genre ont peut être plus de talent sur cet verve à l'écrit qu'Audiard.
Quoi qu'il en soit, je ne recommanderais pas ce livre qui aurait plus tendance à décevoir au final. Un visionnage des tontons est bien plus recommandable...