Triste et superbe
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le 13 févr. 2017
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Mais d’où vient cet incroyable cynisme, cette amertume, ce rejet catégorique des cons dans les dialogues de Michel Audiard ?
La réponse est dans un récit autobiographique paru en 1978 intitulé "La nuit, le jour , et toutes les autres nuits"
Audiard, la clope au bec et les souvenirs douloureux à fleur de peau, déambule dans ce Paris qu’il aime tant mais qu’il déteste aussi depuis les scènes de violence inouïes dont il a été le témoin lors de l’épuration. Il se souvient de ses deux amies tapineuses, Quenotte et Myrette , dont l’une fut battue et tondue et l’autre lynchée a coups de cailloux, attachée à un arbre, par une cohorte de courageux FFI au courage décuplé par le départ des Allemands.
L’écriture d’Audiard est unique et son texte n’est pas sans rappeler "Voyage au bout de la nuit" et surtout "Mort à crédit" de Céline, auteur qu’il admirait profondément. Une gravité dans le propos qui n’oublie jamais de faire sourire.
"Voyez-vous, Madame, voyez-vous, Meussieu, il ne fallait pas se conduire comme on l’a fait. Il y a trop d’os calcinés sous le soleil, trop de sang sur la neige, trop d’innocents sous les eaux. Il ne fallait pas clouer les seins de la vieille youpine qui vendait du coco parc Montsouris, il ne fallait pas tondre Quenotte, il ne fallait pas lapider Myrette, ni la battre à mort. Myrette qui, je ne dis pas, avait fait des bêtises, mais qui m’avait appris à jouer du banjo."
Créée
le 14 mars 2024
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