Sylvain Tesson avait du matériel pour écrire une histoire intéressante: une aventure dans un lieu reculé, avec des personnages intéressants, à la quête d'une ombre. Mais il a choisi d'écrire, non pas une aventure, mais un essai sur notre société. Dans toutes ces dizaines de pages, on n'apprendra rien sur Léo et Marie, on ne verra qu'une facette de Munier. On est privé de partager leur aventure humaine. Car Tesson ne veut parler de l'homme que pour s'en moquer.
L'immense majorité de ses pages est consacrée à répéter des variations des idées suivantes : l'homme est un parasite qui ne sait que consommer et tuer la nature à l'abri de ses cités. L'homme ne sait pas attendre, pas chercher.
Si quelques-unes de ces idées méritent d'être dites -et pas martelées-, d'autres en revanche ne sont que mépris des hommes de science, de la modernité, du progrès. Comme si le progrès était un synonyme de destruction du monde, de surconsommation, de repli dans des villes de béton.
Je ne pense pas qu'un essai misanthrope puisse faire évoluer constructivement la façon dont nous considérons notre place dans le monde.