Ayant visité Kamakura il y a quelques mois, c'est avec une certaine émotion que j'ai ouvert le dernier roman d'Ogawa Ito. Et c'est avec cette même émotion que j'ai poursuivi ma lecture. Derrière le quotidien de la papeterie, chaque moment est vécu comme un petit bonheur. L'on se surprend à apprécier le plaisir simple d'une tasse de thé, d'une balade au temple ou d'une discussion avec la voisine fantasque Madame Barbara. Et distillées au milieu, des demandes de lettres parfois surprenantes, parfois émouvantes, qui témoignent de tranches de vie que chaque client est déterminé à marquer solennellement. Poppo prend très à cœur sa mission d'écrivain public, et c'est avec un plaisir non dissimulé que l'on suit son choix pour le papier, l'encre, la plume, l'enveloppe, le timbre. Ces passages sont si bien écrits que la calligraphie apparaît soudain comme un art absolument passionnant.
J'ai adoré passer ces quelques heures à la papeterie Tsubaki et découvrir ses différentes facettes au fil des saisons.
Je mettrais un simple bémol sur la fin (globalement la très grosse moitié du chapitre au printemps), qui est maladroitement amenée. Cela donne l'impression que l'autrice a voulu démêler l'intrigue rapidement - et sans réellement travailler le dénouement - alors que l'on prenait plaisir à suivre le rythme calme et serein qui caractérise le reste de l'histoire.
Un roman très réussi qui met sans aucun doute l'autrice sur la liste des prochaines œuvres sur lesquelles je vais mettre la main.