La face cachée du théâtre
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Nîmes, l’été 84, les spectateurs se pressent en masse pour assister à la représentation du Jules César de Shakespeare dont le rôle éponyme est tenu par l’immense acteur Faucon. Mais alors que les conjurés abattent leurs couteaux sur l’empereur, ce n’est pas César qui meurt mais celui qui avait usurpé son identité pour la nuit. Démêler le vrai des artifices de la mise en scène voilà la mission de l’inspecteur Mary pour découvrir l’identité du meurtrier.
*La peau de César* est une œuvre particulière dans la vie de René Barjavel puisqu’il s’agit de son seul roman policier mais également de son ultime écrit. L’auteur s’essaie ainsi à un genre nouveau pour lui et s’il gère plutôt bien les scènes de tension dramatiques propre au genre, il n’offre pas non plus un récit particulièrement original ni capable de rivaliser avec les titres les plus célèbres. Cependant ce n’est pas dans l’enquête policière à proprement parler que réside l’intérêt et la force du roman. Le synopsis n’est en réalité qu’un prétexte permettant à Barjavel de déclarer sa flamme avec puissance et passion au théâtre. La mise en abyme du chevauchement entre la mise en scène du meurtre et celle de la pièce lui offre la possibilité d’explorer et d’exploiter tous les ressorts de la dramaturgie afin de brosser un portrait mystifié de l’univers du théâtre. Les comédiens multiplient les extravagances, le metteur en scène rêve toujours plus grand, les vétérans rechignent au moindre changement de virgule tandis que la nouvelle génération ne pense qu’aux paillettes et à la débauche. Dans cette ambiance qui frôle la décadence et l’orgie perpétuelle Barjavel se permet de rappeler que malgré tout cela les comédiens sont membres d’une race à part entière qui, peu importe les événements, ne respire que pour une seule chose : jouer.
Le jeu est au centre du récit. Que ce soit celui des acteurs qui doivent s’adapter à la disparition de leur tête d’affiche ou celui du meurtrier qui nargue la police en annonçant à l’avance son crime jusqu’au dénouement final, le roman réutilise tous les codes du théâtre afin de plonger le lecteur dans un tourbillon de rebondissements, quiproquos et scènes dramatiques.
Sans être un immanquable, La peau de César reste somme toute un récit plaisant à parcourir et où il est difficile de rester insensible à l’amour que semble porter son auteur aux planches, auxquelles il rendra hommage jusqu’au dénouement. C’est un roman qui offrira une alternative appréciable aux amateurs de récits policiers et qui mettra des étoiles dans les yeux aux passionnés de théâtre.
Créée
le 7 août 2021
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