"Tout l'effort des mystiques a toujours visé à obtenir qu'il n'y ait plus dans leur âme aucune partie qui dise "je". Mais la partie de l'âme qui dit "nous" est encore infiniment plus dangereuse. Le passage dans l'impersonnel ne s'opère que par une attention d'une qualité rare et qui n'est possible que dans la solitude. Non seulement la solitude de fait, mais la solitude morale. Il ne s'accomplit jamais chez celui qui se pense lui-même comme membre d'une collectivité, comme partie d'un "nous". [...] Le personnel st opposé à l'impersonnel mais il y a passage de l'un à l'autre. Il n'y a pas passage du collectif à l'impersonnel. Il faut que d'abord une collectivité se dissolve en personnes séparées pour que l'entrée dans l'impersonnel soit possible. En ce sens seulement, la personne participe davantage du sacré que la collectivité. Non seulement la collectivité est étrangère au sacré, mais elle égare en en fournissant une fausse imitation."