De l'histoire d'une gymnaste dans la sombre période communiste

Je ne sais pas si ce livre m'a plu pour la partie biographique de la gymnaste Nadia Comaneci ou sur la partie décrivant les heures sombres de la dictature de Ceausescu. J'ai vraiment beaucoup appris sur cette période :
- il était interdit de chauffer à plus de 14° dans les foyers privés, 5° dans les écoles
- on se levait à 3h du matin pour faire la queue pendant des heures devant les épiceries car tout était rationné
- on cuisinait la nuit, seul moment où il y avait du gaz
- la Securitate, police politique, pistait tout le monde, même ceux sans antécédents, juste au cas où. La délation était fortement encouragée.
- la politique nataliste était telle que la contraception était interdite et des médecins contrôlaient les femmes sur le lieu de travail
- Ceausescu a postulé pour avoir... le prix Nobel de la paix!
Bref, j'en passe et des meilleures. Et c'est vraiment formateur de lire tout ça. Lola Lafon a fait un travail considérable de fouille, d'archive (pas que journalistique, mais aussi sur les dossiers dévoilés de la Securitate). Bien sûr, ce qui est déroutant, c'est que Nadia, en contact permanent avec l'auteur, dénonce les velléités de peindre en noir cette période, pas si sordide que ça! La mère de la gymnaste, arrivant aux USA lors d'un championnat de sa fille, était écœurée par tant de choix dans les supermarchés. Par ailleurs, Nadia dément les rapports de la Securitate qui stipule que c'est bien elle qui a demandé à être séparée de son entraîneur.
On partage parfaitement l'embarras pour ne pas dire la consternation de l'auteur! et on ne sait plus trop où est la vérité.


Pour revenir sur la partie biographique du livre, j'ai trouvé très sincère le travail de l'auteur qui consiste à dire que ce n'est pas un récit alors qu'elle s'acharne à essayer de retracer la vérité. Parfois elle ose même un : "Nadia n'a pas voulu que j'écrive ceci : ..." . Nadia qui encore une fois nous explique que son entraîneur culte, charismatique, n'a pas grand chose à voir dans son succès, il n'y connaissait rien en gymnastique. Néanmoins, quand il s'exile aux US quelques années plus tard, on apprend qu'il monte une nouvelle école de gymnastique, non sans mal, et qu'en 1984, une de ses élèves est médaillée d'or.


Bref, un livre édifiant, intéressant, où on apprend beaucoup de choses.

Aptiguy
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le 7 sept. 2016

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