Le fabuleux "roman-acrobate" de Lola Lafont
La Petite Communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafont, une biographie fictionnelle de la gymnaste Nadia Comaneci qui mélange donc habilement fiction et réalité.
La démarche de l'auteure est tout à fait originale, puisqu'elle choisit non pas de raconter la vie de la gymnaste avec un souci d'authenticité pure, mais plutôt d'imaginer ce à quoi sa vie a pu ressembler, avant et après sa fulgurante célébrité que lui a valu sa performance lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976, de "combler les trous". La retranscription des échanges (imaginaires?) entre l'auteure et la gymnaste apporte d'ailleurs une perspective supplémentaire à l'histoire, assez originale et parfaitement exploitée.
Ce roman propose donc l'histoire, aussi géniale que surprenante, d'une championne qui fascine le monde entier, d'une enfance ponctuée de médailles mais aussi de sacrifices amers et de déchirements, entre l'Est où elle devient, dans son pays natal, le symbole du parfait "Enfant socialiste" aux yeux du régime ayant à coeur de préserver son prestige national face au géant soviétique et l'Ouest, où elle est devenue la coqueluche des médias.
Enfin, La petite communiste qui ne souriait jamais est aussi et avant tout un hommage aux sacrifices physiques, personnels, à la mentalité de fer de cette championne hors norme, et, au final, au monde sacré de l'enfance, à travers l'histoire de cette enfant qui, un jour d'été de 1976 a fait soufflé un vent de liberté chez des milliers de petites filles pour les détourner du sentier battu qui leur était jusqu'ici réservé et devenir à leur tour des modèles de grâce et de légèreté, en toute liberté. Comme l'exprime si bien l'auteure, Nadia Comaneci est "intraduisible, sans doute", dans le meilleur sens du terme, comme ce roman.