Bien qu'ayant quelques romans de Dickens au compteur, et bien que connaissant déjà la trame de ce roman, je peux dire que "La petite Dorrit" est celui que j'ai préféré jusqu'à présent.
Cela tient sans doute moins au style excellent de l'auteur qui est bien sûr le dénominateur commun à tous ses écrits, qu'à l'incroyable humour qu'il déploie dans celui-ci. Un humour jaune qui a dû faire grincer bien des dents à l'époque de sa parution (moitié du XIXème siècle) et qui dénonce dans un flot d'ironie inextinguible l'immobilisme de l'administration ministérielle anglaise, le ci-devant Ministère des Circonlocutions", sous la responsabilité des "Mollusques".
En marge de cette formidable diatribe qui m'a énormément amusée, se retrouve dans "La petite Dorrit" toute l'excellence de l'univers de Dickens : un verbe franc et attachant, des personnages nombreux mais parfaitement campés dans le terreau de leurs particularités, une intrigue un peu noueuse dans laquelle on pourrait s'égarer au fil des 1 050 pages que compte le roman, et une humanité représentée par un large échantillonnage de ce qu'elle peut offrir de pire comme de meilleur.
Bien moins noir que "Oliver Twist" et que "David Copperfield", bien qu'il y soit question de prison et de déchéance sociale pendant la moitié du roman, "La petite Dorrit" est un puzzle magique dont le lecteur veut à toute force voir s'assembler les pièces, tout en redoutant de le voir terminé.
Enfin, je vous conseille vivement la très bonne adaptation télé réalisée en 2008 par la BBC avec Claire Foy, Matthew Macfadyen et l'excellent Tom Courtenay en têtes d'affiche.