George Bernard Shaw avait raison... !!!

Amy Dorrit, surnommée "La Petite Dorrit", n'a connu depuis sa naissance que la "Marshalsea", la prison pour dettes dans laquelle son père est emprisonné depuis tellement longtemps qu'il est même devenu le doyen de l'établissement. L'avenir paraît définitivement sombre pour la famille de l'héroïne jusqu'à ce qu'un certain Arthur Clennam, fasciné par la jeune fille, qui fait quelques travaux de couture chez l’acariâtre mère de celui-ci, lui vienne en aide et découvre qu'un énorme héritage providentiel pourrait radicalement changer la donne...

Ceci est l'intrigue principale du onzième roman de Charles Dickens autour de laquelle va évoluer quelques intrigues secondaires avant que ces dernières finissent par la rejoindre.

Si l'ensemble des intrigues réserve son lot de rebondissements et de surprises, suffisamment pour qu'il soit prenant du début jusqu'à la fin, celui-ci est parfois trop embrouillé pour constituer le point fort du roman.

En fait, le gros point du roman, avec les personnages, (et là on comprend totalement pourquoi George Bernard Shaw disait de lui qu'il est "plus séditieux que Le Capital de Karl Marx" !!!), c'est la satire des riches, des parvenus, de la Société en général. Ce n'est pas la première fois que je découvre Charles Dickens comme critique social, loin de là, mais s'il lui arriverait quelques fois de tremper sa plume dans du vitriol, là c'est carrément dans de l'acide triflique. Je n'ai jamais lu une telle férocité et un tel sarcastisme que dans la description qu'il fait ici des riches et de leurs mœurs. Les parties sur les Barnacle et le ministère des Circonlocutions qui font tout pour que rien ne soit fait est un point de non-retour dans le domaine.

Quant aux personnages, ils sont brillamment croqués (comme toujours chez l'auteur des "Grandes Espérances" !!!). On s'attache sans mal à la "Petite Dorrit" et à Arthur Clenman. On est même touché par eux, surtout par la première. William Dorrit, le père de la protagoniste, a beau être égocentrique, on a de la peine pour lui quand les malheurs l'accablent. Rigaud ou Blandois, l'arrogant méchant de l'histoire, est détestable à souhait. La mystérieuse Miss Wade surprend par sa propension à la paranoïa. Et tant d'autres... Mentions spéciales à l'ancienne fiancée d'Arthur, Flora Finching,et ses logorrhées aussi interminables que confuses, et à la vieille tante de son défunt mari, et ses phrases sybillines pour le moins très belliqueuses, qui sont franchement hilarantes.

Encore une réussite à mettre à l'actif d'un des plus grands auteurs que la Littérature avec un grand "L" ait connu.