Il y a des livres dont on n’attend pas grand chose. On se dit: le thème me plaît bien, pourquoi pas? La petite fille de Monsieur Linh faisait parmi de ceux là…et ce fût le choc, la révélation!
Parti de son pays natal ravagé par la guerre (probablement le Viêtnam), M. Linh refait sa vie dans un nouveau pays où il rencontre M. Bark, un gentil vétéran de guerre, qui a servi dans son pays natal. M. Linh a quitté son pays avec sa petite fille qui était nommée Sang Diû, ce qui dans la langue du pays natal veut dire « Matin doux », et qu’il éduque comme telle.
La petite fille de Monsieur Linh est un roman très court (moins de 200 pages) mais d’une telle profondeur! L’auteur réussit en peu de mots à insuffler une émotion incroyable à son texte. J’ai été émue tout le long du récit, la gorge qui se serre, les larmes au bord des yeux… chose rare quand je lis. L’écriture est simple pourtant, mais une telle poésie se dégage de ces lignes…une douceur, une tendresse. L’auteur prend le lecteur par la main, on a qu’une envie c’est de lui faire confiance comme le vieux monsieur Linh avec sa petite fille…
Ce qui m’a le plus touchée est l’histoire d’amitié entre Monsieur Linh et Monsieur Bark. Deux hommes bien différents au premier abord- ils viennent de deux pays bien différents, ne parle pas la même langue- mais ils vont se révéler au fil du récit de plus en plus proches. Malgré la barrière de la langue, une relation sincère se met en place, il se découvre des vies antérieures similaires. Etranger dans un pays qu’il ne connait pas et dont il ne maîtrise ni la langue ni les coutumes, Monsieur Linh trouve en Monsieur Bark la seule personne qui l’accepte vraiment, lui et sa petite fille. Les préjugés tombent, seule l’amitié sincère reste…C’est une terrible consolation pour M. Linh qui est rejeté par ses semblables qui ont également fuit le pays natal.
La petite fille de Monsieur Linh est un roman sur l’Amour: l’amour pour sa femme, ses enfants, ses petits enfants, un ami, son pays…On peut tout enlever à un homme mais l’Amour non.
Ce roman amène également le lecteur à se questionner sur la vieillesse et la mort. Monsieur Linh, vieux monsieur de 70 ans, est méprisé et ignoré malgré son grand âge. La scène de la maison de retraite montre l’incompréhension et la solitude dans lesquelles peuvent se retrouver les personnes âgées.
Je déplore que mon avis sur ce roman ne lui rende pas assez hommage. Les mots me manquent tant j’ai été bouleversée par ma lecture. Je vous encourage vivement à vous plonger dans ce récit touchant, rempli d’amour, de tendresse, de douceur et d’espoir. Comme j’aimerais connaître ce vieux monsieur!! Lui parler, le prendre dans mes bras et lui dire juste, « ne t’en fais pas, il y a toujours quelqu’un qui pensera à toi, quelqu’un sur qui tu pourras compter… » Pour ma part, une chose est sûre, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin, Philippe Claudel me voilà…