La Physique des catastrophes par Julie_D
La physique des catastrophes ne manque ni de style ni de bonnes idées, mais on peut finir par se demander au service de quelle histoire, voire si ce ne sont pas justement style et idées qui finissent par dissoudre l'histoire.
Le livre souffre de deux soucis majeurs, d'abord un problème de rythme : il faut 400 pages à l'histoire pour véritablement décoller, mais les 200 dernières sont d'une rapidité déconcertante et qui n'empêche pourtant pas le lecteur de dénouer les films bien avant l'héroine, supposée surdouée. Second écueil : si Bleue est adolescente hors normes et non dénuée de sympathie, impossible d'en éprouver à l'égard des autres personnages, notamment au groupe d'étudiants qu'elle fréquente et qui jamais, ne franchira le seuil du stéréotype pour se révéler d'un intérêt quelconque. Charles est fade, Nigel inutile, quant à Jade, on espère simplement la voir contracter une affection ou une autre nécessitant l'ablation des cordes vocales. Pour ce qui est des adultes, Garrett Van Meer est antipathique à souhait et il faut malheureusement attendre la mort d'Hannah pour partager la fascination de Bleue à son encontre.
Coté style, sans atteindre la virtuosité d'un John Irving, c'est en revanche limpide, enlevé et drôle, et surtout d'une originalité constante dans la forme biographique (les dessins de Bleue insérés dans le livre sont un exemple plutôt sympathique.) L'innovation majeure tient à la floraison de références littéraires et cinématographiques (amputées de ces « cf. » le bouquin perdrait sans doute une centaine de pages.) Bien sûr le lecteur lambda n'en connaît pas le quart, mais le procédé reste ingénieux car les titres sont toujours suffisamment parlants pour parfaitement saisir le trait d'esprit de Bleue sans avoir lu l'ouvrage de référence. De fait, à aucun moment cet étalage de culture ne tombe dans la pure prétention. Cependant, répétée mille fois, même une vraie bonne idée peut devenir fatigante. La fin est elle aussi traitée de façon inédite, mais risque sans mauvais jeu de mot d'en laisser plus d'un sur leur faim, quand bien même il ne semble pas demeurer de réel mystère en suspens.