Lire l'épopée de Musashi, c'est avant tout se plonger dans le japon du XVIème siècle.
Pour un fan de Kurasawa comme moi, c'est donc un immense plaisir de retrouver une ambiance quasi médiévale avec code du samourai, cités de Kyoto et d'Edo, paysages mélanges de minéraux et de végétaux exotiques...
Ce sont aussi des pans de l'histoire et la culture du Japon qui nous sont contés avec :
- les luttes entre seigneurs,
- les arts culturels locaux tels le théâtre Nô, les poteries ou les estampes nipponnes,
- les mœurs sexuelles et ouvrières des insulaires.
Lire le 1er tome malgré son nombre de pages invraisemblable (950 !) a donc été un immense plaisir.
Les phrases sont aussi concises que les paragraphes, ce qui permet de mettre du rythme.
Les figures de style sont modernes.
Pour l'anecdote, j'ai ouvert Proust ("À l'ombre des jeunes filles en fleurs"). Au bout de 2 pages, je me suis heurté à une phrase d'une dizaine de lignes dont le sens m'a échappé et m'a imposé une relecture avant de pouvoir me souvenir du début une fois arrivé à la fin !
Ici rien de tel. Bienvenu dans un ouvrage accessible !
Il faut également reconnaitre qu'à l'ère Netflix, je me juré de ne pas tomber dans le piège des séries.
Le mal m'en a pris car je suis tombé dans le filet de Yoshikawa !
L'écrivain mène en effet de main de maître le lecteur qui, d'aventures en anecdotes, ne peut quitter l'ouvrage, chapitre après chapitre, page après page.
Car sur le fond, le livre - en tout cas le 1er tome - ne me parait pas aussi profond que j'ai bien voulu l'entendre ici ou là. Certes il a un peu la couleur des romans d'initiation à l'image du héros qui - d'épreuves en épreuves - apprend, comprend, s'instruit, philosophe...
Mais c'est aussi une oeuvre grossière pour ne pas dire affligeante dans les archétypes qu'elle propose :
- un héros bodybuildé qui n'a rien a envié aux héros de manga superpuissant et ne va qu'en s'améliorant même dans ses soit-disant instants de faiblesse,
- un jeune couillon qui ne comprend pas grand chose et ressemble un petit dadet,
- des femmes d'un romantisme benêt et digne des plus belles épopées Disney, à moins qu'elles ne soient présentées sous des angles lascives et futiles, espiègles et voleuses, butées et stupides...
Apprécier l'ouvrage passera donc par une phase d'introspection exigeante : peut-on se passionner pour une oeuvre Harlequin quand bien même s'étire-t-elle sur 1600 pages ?