Scandale.
Ma critique ne portera pas vraiment sur le livre, plutôt sur son "genre", sa nature si j'osai-je. Je préviens tout de suite, je n'utiliserais pas de termes techniques au risque de passer pour une inculte. J'écris mon ressenti, avec mes tripes. Sans sentimentalisme car je le hais autant que le rationalisme, du moins je l'espère. Mais j'écris avec mes tripes.
Bon. Je vais commencer par confier ma vision de la littérature : une histoire inventée, un conte , un mythe, de l'imagination, du style, de l'originalité , de la belle phrase, de la structure, du rêve ou de la réflexion , du personnage travaillé, de la profondeur psychologique et , si possible, de la profondeur métaphysique, un regard pénétrant du monde et de l'humanité, et pour les meilleurs, un renversement.
La littérature , c'est avant tout une histoire, même pour un poète. J'ajouterais cette belle citation de Nabokov : "Appeler une histoire "histoire vraie", c'est faire injure à la fois à l'art et à la vérité. Tout grand écrivain est un grand illusionniste. "
J'ai un certain dédain envers l'autofiction, voire l'autobiographie(qui peut être intéressante quand elle laisse place à des réflexions politiques ou sociales, ou quand la vie du type est un vrai roman). Il me semble qu'elle représente une certaine dérive de l'intellectualité au détriment de l'imaginaire, une intellectualité qui confond analyse et invention , qui refuse l'art pour la platitude, qui décortique les textes comme on résout une équation ou effectue une opération chirurgicale . La revendication , assumée dans ce livre, du non art.
Personnellement, un tel mépris de la beauté m'exaspère et signe l'ère du vide, de la banalité et du commun. Je ne comprendrais jamais l'amour que les gens ont pour le commun , et ce à un très haut niveau académique.
La Littérature, ce n'est pas l'Administration.
Il y a ce bel article sur la France dans Marianne qui se moque des Anglais parce qu'il choisirait le commerce qu'un bon livre. Il est vrai , la France n'est pas assez vulgaire pour choisir le commerce. En revanche, elle est assez ennuyeuse pour choisir l'Administration.
Je proclame : à bas l'académisme, à bas l'administration, vive le règne, la dictature de la littérature, qu'on délaisse les autonombrils et autres biographies sur personnages célèbres et qu'on revienne à la fiction, la seule raison pour laquelle on lit, tout du moins je lis.