La Pointe d'argent par Kiichigo
Spin-off des Annales de la Compagnie noire, "La pointe d'argent" nous emmène dans le Nord voir ce que sont devenus les personnages laissés là-bas, tels Corbeau, Chérie, Silence, Bomanz, Le Boiteux...bref, tous ces personnages restés dans le Nord alors que la Compagnie retourne à ses origines.
Parfois, il est préférable de ne pas s'acharner à tout raconter aux lecteurs, pour préférer laisser une part d'ombre sur le devenir de personnages que l'on a quitté. Pour laisser aux lecteurs leur imagination faire le reste, et pour ne pas gâcher ce qui a été réalisé avant. De mon point de vue, c'est le cas ici, et ce tome est de trop.
En remontant dans le Nord, Glen Cook fait passer l'histoire sous la plume de Casier, ce soldat copain de Corbeau, a l'air sympathique mais un brin trouillard. Et c'est en arrivant dans la tête de Casier que je me suis rendue compte que c'est le genre de personnage que je n'apprécie que quand je le connais de loin. Parfois, il est cool, mais souvent, je l'ai simplement trouvé insupportable. L'écriture n'est pas franchement transcendante non plus, et bien en-dessous des annales rédigées par Toubib. Le style adopté est plus lourd. Parce que moins bien fait, parce que plus bancal, et moins prenant également, du fait de l'histoire.
L'histoire, justement, consiste à nous montrer le devenir des personnages restés dans le Nord à travers l'ultime confrontation entre Le Boiteux, revenu d'entre les morts pour la 4000è fois (et peut-être la fois de trop...à un moment, c'est bien de faire mourir les personnages, si si), fou de haine, de rage et de douleur ; et Chérie et ses compagnons qui, tous, ont des histoires à régler les uns avec les autres, entre jalousie, méfiance, amour, disputes...bref, c'est l'heure des règlements de compte. Et j'ai trouvé tout ça bâclé. Le scénario part dans tous les sens, nous montre des tas de choses vus dans les Livres du Nord, comme pour nous rappeler à nos souvenirs, mais sans les utiliser correctement cette fois-ci. Corbeau est devenu encore plus bête qu'obstiné, choisit systématiquement les mauvaises solutions, et n'est plus que l'ombre du personnage que l'on connaissait avant. L'histoire nous fait voyager dans tout le pays pour pas grand-chose, et propose des scènes complètement bâclées et sans aucun lien avec le reste de l'histoire, comme cette tentative à moitié ratée de retrouvailles entre Corbeau et ses enfants. Non mais sérieusement...qu'est-ce-que ça apporte ? Ce ne sont ni des retrouvailles réussies, ni des retrouvailles ratées, juste des retrouvailles sur fond de demi-promesse, d'introduction à d'éventuelles futures retrouvailles...pour finalement passer à autre chose deux pages plus tard. Ok. Un bref aller-retour dans le passé de notre héros tourmenté, donc. Un peu comme si Glen Cook s'était aperçu au milieu de la rédaction de ce passage qu'il ne savait pas quoi faire finalement, et était passé à autre chose en se débrouillant pour finir rapidement ce moment un peu délicat, plein de malaise et de remords. Mention spéciale au combat final qui vire au n'importe quoi et ressemble méchamment à une tactique facile à la "tuons-les, ce sera plus simple pour le dénouement final".
Le seul point positif que j'ai trouvé à ce livre, c'est de montrer comment se débrouille l'Empire après le départ de la Dame et des Asservis. Un bien maigre point positif, comparé à tout le reste. Au final, ce tome m'a plongé dans une grande déception. ça se lit mais c'est plat et pâle par rapport au reste des Annales, et cela détruit l'image que j'avais du Nord et des personnages laissés là-bas. On reste, pour eux, sur cette note un peu terne, là où il aurait été préférable de les laisser là où ils étaient restés à la fin du troisième tome.