Michel Adanson, est bien né en avril 1727 à Aix-en-Provence et mort en août 1806 à Paris. Oui. Il est bien le naturaliste français d'ascendance écossaise qui a vécu au Sénégal, de décembre 1748 à février 1754, dont parle David Diop dans son roman « La Porte du voyage sans retour ». Il a été, quand même, membre de la Royal Society et de l’Académie des sciences, ainsi que Chevalier de la Légion d'honneur. Sa femme, Jeanne Bernard, mettra au monde en mai 1775 leur unique enfant Aglaé Adanson, qui suivra plus tard ses traces en créant en 1804 l'arboretum de Balaine, propriété offerte par Girard de Busson, ami proche de sa mère (peut-être bien, son beau-père).
Quant à David Diop, il est né en 1966 à Paris, c’est un enseignant-chercheur et écrivain français. Spécialiste de littérature du XVIIIe siècle qui passe une partie de sa jeunesse au Sénégal avant de revenir en France pour ses études. Il est titulaire d'un Master en « Poétiques et histoire littéraire », et agrégé en Lettres modernes. Avec son second roman "Frère d'âme" (Un roman sur la guerre 14-18 vue par un tirailleur sénégalais, ou comment l'horreur engendre la folie), il a obtenu le Prix Goncourt des lycéens 2018, et, sous le titre "At Night All Blood Is Black", le Prix international Man-Booker 2021 au Royaume-Uni. "La Porte du voyage sans retour" est son troisième roman, inspiré de la vie de Michel Adanson au Sénégal.
Donc, pour faire court, l’auteur, David Diop, bien réel (évidemment), choisit un obscure savant botaniste, bien réel néanmoins, ayant vécu au 18e siècle et ayant eu une fille, toujours bien réelle, elle aussi, mais dont il n’a pas eu trop le temps de s’occuper, a qui il confie, post-mortem, des cahiers relatant les aventures qu’il a vécues dans sa jeunesse lors de son séjour au Sénégal – et c’est là que se situe l’imagination et la fiction de l’auteur – prétexte pour l’écrivain, de donner libre cours à sa critique de la politique colonialiste française et de la prétendue supériorité de la civilisation occidentale avec des scoops du style : « Les palais, les châteaux, les cathédrales dont nous nous glorifions en Europe sont le tribut payé aux riches par des centaines de générations de pauvres gens dont personne ne s'est soucié de conserver les masures. » Ou encore : « Que les nègres n'aient pas construit de bateaux pour venir nous réduire en esclavage et s'approprier nos terres d'Europe ne me paraît pas non plus être une preuve de leur infériorité, mais de leur sagesse. » De quoi, assurément, faire pencher la balance de la "supériorité" d’un côté inattendu…
Suit une longue et fastidieuse narration des péripéties du jeune Michel Adanson et de sa suite, partis à la recherche de Maram, une toute jeune fille – la nièce d’un chef de village, ami de Michel – brutalement disparue, enlevée par des chasseurs d’esclaves et mystérieusement réapparue dans un village du Cap-Verd… Suivie de la non moins accablante relation des aventures de la belle Maram…
Une longue, longue odyssée où l’on balance interminablement entre mélodrame lyrique frisant le ridicule et conte pour enfant, effrayant à souhait, tel que les aiment les bambins sages, le soir, avant de s’endormir, attendant le plaisir du grand frisson…
Je reconnais à ce livre le mérite de la découverte : je sais maintenant à quel point il est possible de s’endormir en lisant…
C’est naïf, c’est cul-cul, c’est puéril, c’est manichéen, c’est tout ce que l’on veut, ou alors je suis complètement passé à côté du sujet…
Où est le message de Monsieur l’agrégé en Lettres modernes (attribuée par l'université de la Sorbonne) ?
J’ai bien une petite idée, mais elle a un arrière-goût si désagréable que je préfère la garder pour moi…