Émergeant tout juste de la séance John Carter, un sentiment d'urgence m'a saisi. Il me fallait lire le plus vite possible le roman d'origine d'Edgar Rice Burroughs. Trop de promesses gâchées avaient défilé à l l'écran. Livre en main, la lecture commence et déjà les différences s'amoncellent. Au delà de l'adaptation scénaristique nécessaire, l'essence même du livre est autre.
Sans dévoiler l'intrigue du roman comme du film, je tiens à faire une observation toute personnelle : Disney n'était pas le studio idoine pour adapter un tel univers, la logique commerciale était erronée dès le départ. L'univers est trop violent, trop implacable pour lancer une franchise de films calibré "sortie famille". Il y avait au contraire un potentiel énorme pour une franchise plus adulte, dure, pourvue d'un vrai souffle épique. Regrets éternels... Paradoxalement, le roman, en vieillissant (cent ans tout de même), acquiert des caractéristiques "jeunesse" tant l'histoire est naïve et classique, avec des archétypes de personnages datés, presque ridicules dans leur noblesse ou leur cruauté absolutiste.
Lire La princesse de Mars, c'est découvrir le roman patriarche des genres Planet Opéra et Space Fantasy, tous dépendants d'une science fiction alors encore à naître, le tout dans un style à la fois accessible et soigné, préférant la suggestion à la longue description pour mieux se concentrer sur l'action, les aventures vécues par John Carter.
Edgar Rice Burroughs ne s'est guère embarrassé de la vraisemblance dans son histoire pour imaginer Barsoom. Le lecteur d'aujourd'hui est d'autant moins bernable qu'il a un siècle de connaissance astronomique en plus, ce qui fait que par moments, tout de même, il ne peut s'empêcher de tiquer. On ressent cependant au fur et à mesure de la progression du récit (publié sous forme de feuilleton dans des magazines pulp) que Burroughs a pris de plus en plus de plaisir à penser, structurer ce monde dans les moindres détails. Coutumes, mœurs, organisation économique, sociale... C'est sur ce plan avant tout que le Cycle de Mars est novateur, révolutionnaire pour l'époque.
Lire La princesse de Mars, c'est tout simplement voyager avec le héros parfait John Carter, s'adaptant ridiculement vite à ce monde étrange (il apprend le martien en une semaine) pour en devenir une des plus grandes figures. L'histoire reste terriblement prévisible, ce qui en fait curieusement tout son charme. Le lecteur est d'autant mieux immergé dans ce récit exotique que la narration se présente sous la forme d'un journal tenu par le héros, que Burroughs présente dans sa préface comme un leg d'un oncle étrangement disparu... John Carter lui même.
Pour conclure, un livre à lire pour l'importance qu'il a dans la génèse de la Science Fiction, mais également pour le divertissement honnête qu'il apporte à son lecteur, qui aura bien du mal à décrocher s'il tolère des mécanismes de narration datés.
Critique du tome 2 Les Dieux de Mars.